Coups de coeur,  Fantastique,  Jeunesse,  Se distraire

The Book of Dust, volume 1: La Belle Sauvage

Saviez-vous que Philip Pullman avait sorti en 2017 une deuxième trilogie, quelque 20 ans après À la croisée des mondes? Moi, je ne l’ai appris qu’il y a quelques mois, quand mon amie d’enfance m’a offert ce livre. Je ne sais pas comment j’ai pu rater ça.

En terme d’excitation, c’est l’équivalent d’apprendre que J. K. Rowling a écrit une suite à l’histoire de Harry Potter. Mais comme j’ai parfois une mémoire de poisson rouge (j’ai lu tous les Harry Potter un nombre gênant de fois, et je ne me rappelle pas de détails assez majeurs), j’ai eu peur de le commencer immédiatement et de ne rien comprendre. Si c’est votre cas, faites comme moi et regardez l’excellente série HBO. Tous les morceaux se remettront en place comme dans un casse-tête. Et vous pourrez vous délecter de cette oeuvre magnifique.

Résumé

Nous sommes 10 ans avant le premier tome d’À la croisée des mondes, et nous suivons Malcolm, un petit garçon adorable et curieux de 11 ans, qui va à l’école et travaille à l’auberge de ses parents. Un jour, il fait la connaissance de Lyra, un tout petit bébé qui a été confié aux soeurs de son village. C’est le coup de foudre. Et alors que son village prend tranquillement une dérive autoritaire, que les dangers s’accumulent et que Malcolm se fait confier de terribles secrets, il bravera la plus grande inondation du siècle pour protéger la petite Lyra.

Impressions

Se replonger, 20 ans plus tard, dans une histoire qu’on a adorée, c’est dangereux. On court le risque d’être déçus, désillusionnés, et de douter de notre goût d’enfant. Mais toutes mes craintes ont été balayées dès les premières pages.

Malcolm, le petit garçon qu’on suit tout le long du livre, est un amour. Il est curieux, bien élevé, serviable, courageux… tout ce qu’il faut pour plaire. Et puis, dans la version originale en anglais en tout cas, ses dialogues sont savoureux.

“How d’you make them parcels so neat, Sister Benedicta?” he said one day.

Those parcels,” said Sister Benedicta.

“Those parcels. How d’you make ’em so neat?”

“Neatly, Malcolm.”

He didn’t mind; this was a sort of game they had.

“I thought ‘neat’ was all right,” he said.

“It depends on whether you want the idea of neatness to modify the act of tying the parcel, or the parcel itself, once tied.”

“Don’t mind, really,” said Malcolm. “I just want to know how you do ’em. Them.”

– p. 6

Il est le genre de personnage qu’on a envie de croquer, et qu’on suivrait jusqu’au bout du monde.

Quant à l’histoire, je me souvenais qu’elle était prenante, mais mes attentes ont été dépassées. Je ne voulais plus aller me coucher, j’apportais mon livre partout, je lisais avec de grands yeux fascinés. J’étais de nouveau une petite fille qui découvrait le monde merveilleux des livres.

Ce qui est fascinant pour un livre “pour enfants”… qui n’en est peut-être pas vraiment un finalement. Il y a plusieurs meurtres, et ils n’ont rien de subtil. Malcolm est en contact avec des adultes qui sont en danger et qui n’hésitent pas trop longtemps à lui raconter des vérités troublantes. Il apprend un peu trop jeune que le monde n’est pas aussi beau qu’il en a l’air. Pendant des jours et des jours, il doit supporter la faim, la soif, le manque de sommeil et le froid sur un canot pour protéger un petit bébé. À 11 ans! Et il y a quelques passages qui ont fait battre mon coeur presque autant qu’un film d’horreur. Le petit garçon a certainement plus de courage que moi j’en aurais eu à sa place.

Philip Pullman a dit lors d’une conférence de la Society of Children’s Book Writers and Illustrators qu’il n’écrivait pas pour une tranche d’âge en particulier :

L’important pour lui, dit-il, c’est de servir son histoire. Et il réussit brillamment. Voici une perle avec laquelle vous ne tromperez pas : elle plaira à tout le monde.

À écouter : cet épisode du podcast Inside Creative Writing, qui explique comment l’économie de description dans la trilogie de Pullman contribue à nous plonger dans l’histoire. L’univers fantastique est décrit comme si on en faisait déjà partie, et on oublie qu’on lit un livre écrit par un auteur (à partir de la 22e minute).