Développement personnel,  Se renseigner

How to Be Fine

Écouter des podcasts est un de mes grands plaisirs dans la vie, et By the Book fait partie de ceux que j’écoute régulièrement. Il est très amusant, et le concept est génial : les deux animatrices, Jolenta Greenberg et Kristen Meinzer, passent deux semaines à suivre les indications d’un livre de développement personnel à la lettre et nous parlent de leur expérience.

On s’entend que les conseils qu’on peut tirer de ce genre de livres ne vont pas toujours être très brillants. Alors c’est amusant de les écouter en train de faire le ménage intensif de leur maison avec la méthode de Marie Kondo, essayer de reconnecter avec leur incarnation précédente, etc., et de commenter le tout. Alors j’étais quand même excitée de recevoir ce livre à Noël. Elles ont vécu d’après les règles de 50 livres, qui d’autre peut affirmer ça?

Résumé

Le livre est divisé en trois parties : ce qui ont marché pour elles, ce qui n’ont pas marché pour elles, et ce qu’elles auraient aimé que les livres recommandent davantage. Jolenta et Kristen prennent la parole à tour de rôle et expliquent leur choix. Par exemple, Jolenta a apprécié de se parler à soi-même de façon positive mais n’a pas aimé se lever tôt, et Kristen a apprécié de vivre en-dessous de ses moyens mais n’a pas aimé méditer. Chaque petit chapitre est suivi par une question d’un lecteur, à laquelle elles répondent.

Impressions

J’ai beaucoup réfléchi après avoir terminé ce livre, parce que je dois avouer que j’étais un peu confuse.

J’aime beaucoup le podcast : je trouve les animatrices hautement sympathiques et j’aime beaucoup le fait qu’elles ne se prennent pas très au sérieux. C’est avant tout conçu pour être ludique : personne n’est un expert ici.

Ce livre, par contre, change de ton. Après avoir acquis une certaine popularité et avoir suivi les directives d’un nombre de livres bien rond, elles en sortent un nouveau pour répondre aux innombrables requêtes de fans qui leur demandent ce qu’elles ont retenu comme enseignement. Elles sont en quelque sorte considérées comme des expertes qui peuvent, à leur tour, sortir un livre de développement personnel. Elles se sont forgées des opinions bien arrêtées et sont capables de les défendre. Souvent, on ne peut qu’être d’accord avec elles, parce que leurs conclusions sont pleines de bon sens.

Et puis, je suis tombée sur le chapitre “Admit you’re a liar”. Jolenta y était en rage contre l’idée d’assumer la responsabilité de ses pensées et de ses émotions. Elle exécrait en particulier le terme «mensonges» que le livre Girl, Wash Your Face donnait à certaines pensées destructrices comme «je ne suis pas assez intelligente» et «je ne mérite pas l’amour avant d’avoir un corps de la bonne grosseur». Jolenta disait que des mensonges, c’était délibéré : alors affirmer que ces pensées instillées dans notre cerveau par la société contre notre gué étaient des mensonges, c’était de blâmer la victime.

Elle mentionne aussi The Subtle Art of Not Giving a F*ck, que j’ai lu et beaucoup aimé, dans lequel Mark Manson affirme qu’on ne peut pas contrôler les circonstances extérieures, mais qu’on peut choisir comment on les interprète et comment on y réagit. Plus on assume la responsabilité de nos émotions, plus on a du pouvoir sur nos vies. Elle a dit, je cite, “Fuuuuuuck this notion. Not only is blaming yourself for the actions and beliefs of others superdepressing, but Kristen and I have also found it to be quite self-destructive.”

À ma grande surprise, j’étais vraiment fâchée. Il me semble que c’est absolument essentiel d’identifier nos pensées et d’admettre que c’est nous qui les pensons. Ça ne nous demande absolument pas de nous flageller, au contraire : ça nous demande d’observer nos pensées avec compassion et de réaliser que c’est en notre pouvoir de les changer si elles ne nous plaisent pas. À mon avis, c’est une erreur de compréhension flagrante de la part de Jolenta et Kristen d’affirmer que ça revient à blâmer la victime.

Je n’étais pas d’accord non plus avec leur vision du pardon : elles étaient très attachées à leur rancoeur et ne voulaient tout simplement pas pardonner. C’est correct, mais encore là, je trouve qu’elles passent à côté de quelque chose d’important. Le pardon, ce n’est pas pour l’autre, mais pour soi-même. Et elles ont tout simplement rejeté ça du revers de la main. Même chose pour la méditation : elles ont essayé, n’ont pas trippé, et ont dit qu’elles n’en avaient pas besoin. J’ai de la sympathie envers cette idée-là, parce que moi aussi je trouve ça difficile de méditer, mais il y a tellement de preuves que c’est bénéfique qu’il est important de prendre la peine d’en parler, et de parler de ses alternatives aussi.

Puis, je me suis rendue compte que j’étais fâchée comme ça parce que j’y avais cru, au fait que c’était des «expertes». Mais en y pensant bien, deux semaines pour comprendre et appliquer des concepts, parfois c’est amplement, et parfois ce n’est pas assez. Les livres qu’elles ont lu ne sont pas nécessairement les meilleurs sur le marché et abordent toutes sortes de sujets différents. Ça leur a permis de faire bon tour d’horizon, mais pas nécessairement d’acquérir une sagesse supérieure.

Je vous conseille tout de même le livre si vous écoutez le podcast, parce qu’il est très agréable à lire et contient plusieurs belles pensées. Mais il faut le voir comme ce que c’est : le livre de deux personnes comme vous et moi qui donnent leur opinion sur comment, ou pas, vivre notre vie. Comme tous les autres livres de développement personnel, il faut en prendre et en laisser. Et accepter de ne pas toujours être d’accord avec les auteures.