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Too Much and Never Enough

En février 2019, il aurait existé environ 51 livres sur la présidence de Trump. Ça, c’est en excluant les livres auto-publiés. En moyenne, il en sort 1,5 par mois.* Mais aucun de ces livres ne m’intéressaient le moindrement. Je me disais qu’on parlait déjà assez de lui dans les médias.

Jusqu’à la sortie en juillet de Too Much and Never Enough, qui promettait d’expliquer comment un bébé humain plutôt normal avait pu devenir un être aussi grotesque et aussi dangereux. Là, mon intérêt a été piqué, car j’ai la conviction qu’on ne naît pas aussi tordu, mais qu’on le devient. Et c’est ce que ce livre m’a confirmé.

Résumé

Mary L. Trump est la nièce de Donald Tump, et fille du défunt Freddy Trump. Elle prend la peine dès le prologue d’établir sa crédibilité en tant que docteure en psychologie et en tant qu’anti-Trump, et avance ses hypothèses quant au diagnostic que son oncle pourrait recevoir s’il s’assoyait un jour devant un professionnel (on peut bien rêver). La liste est macabre :

  • narcissisme;
  • trouble de la personnalité antisociale, qui dans sa forme la plus sévère est considérée comme de la sociopathie;
  • trouble de la personnalité dépendante, qui implique une incapacité à assumer ses responsabilités ainsi que la capacité à aller très loin pour s’attirer le support des autres;
  • un trouble d’apprentissage non diagnostiqué qui l’aurait empêché de traiter correctement l’information;
  • et finalement un mode de vie malsain qui inclut 12 Coke Diète par jour, aucun exercice, très peu de sommeil et un régime alimentaire déséquilibré.

Impossible de savoir s’il pourrait s’épanouir, ou même survivre, dans le vrai monde, car il a été institutionnalisé toute sa vie, dit-elle. C’est rude.

Les pauvres enfants Trump ont été élevés dans une famille hautement toxique. Entre une mère émotionnellement absente et un père carrément sociopathe qui travaillait 12 heures par jour, 6 jours par semaine à construire son empire, les chances de s’épanouir en tant qu’être humain étaient à peu près nulles. Aucun des enfant ne recevait d’amour; mais le plus malchanceux de tous, c’était Freddy, le père de l’auteure. Étant le fils aîné, son père, Fred, s’attendait à ce qu’il reprenne les rênes de sa compagnie quand il serait plus vieux. Mais Freddy était constamment une déception pour son père, qui voulait un “killer”, et recevait pour cela un traitement infâme. Le petit Donald, qui recherchait alors avec une soif infinie l’approbation de son père, a pris alors la pire décision qu’il aurait pu faire pour le bien de l’humanité : mépriser l’attitude de Freddy et tout faire pour plaire à son père.

Mais son père, Fred, n’est pas ce que la plupart des gens dotés de morale considéreraient comme un modèle à suivre. Indifférent à tout ce qui ne le concernait pas, incapable de compassion même pour sa famille la plus proche, il avait des moyens plus que douteux pour amasser sa richesse. L’auteure raconte qu’il a commis assez de fraude fiscale pour que quatre de ses enfants (en excluant Freddy) en profitent pendant des décennies. Sa philosophie :

“Financial worth was the same as self-worth, monetary value was human value. The more Fred Trump had, the better he was. If he gave something to someone else, that person would be worth more and he less.”

Donald a adopté jusqu’au bout cette façon de penser, en plus de devenir brutal, agressif et irrespectueux, des traits de caractère que Fred encourageait. Et ça a marché. Fred a élu Donald comme l’enfant qui serait capable de reprendre son empire, au détriment de Freddy, qui a dépéri jusqu’à mourir alors que sa fille était encore adolescente. Donald a alors pu faire semblant d’être un homme d’affaires redoutable en ayant le support de son père qui faisait tout le travail, en récoltant tout le crédit et en flambant une quantité absolument effroyable d’argent. Pour finalement devenir président des États-Unis et tuer des centaines de milliers de citoyens américains par son incompétence crasse à gérer la crise du coronavirus, entre autres horreurs.

Un article du New York Times a dévoilé que du vivant de son père, Donald avait reçu l’équivalent de 413 M$, la majorité de façon douteuse. À ce montant, il faut rajouter le 170 M$ qu’il a reçus à la vente de l’empire. Qu’est-ce qui s’est passé avec cet argent? L’auteure n’en a aucune idée.

Impressions

Je pensais en savoir amplement sur cet homme. Mais je me rends compte que j’étais loin d’en savoir assez. Imaginez le plus aberrant: la réalité va deux coches plus loin. J’en riais presque.

Comprendre dans quel environnement Donald a grandi fait réaliser qu’il est absolument impossible qu’il puisse être doué d’un quelconque bon sens. Il n’y a aucun espoir. Il n’y a rien derrière les apparences. C’est un homme qui a tellement mis des couches de masques qu’il est impossible de revenir en arrière.

Le livre est évidemment biaisé, l’auteure ne s’en cache pas. Je ne peux pas, moi toute seule, vérifier tout ce qu’elle dit : par exemple, elle rapporte des scènes particulièrement parlantes de la jeunesse de sa frère auxquelles elle n’a jamais assisté. Mais je doute qu’elle mente. Tout ce qu’elle dit est cohérent avec ce qu’on peut observer chaque jour dans les nouvelles.

En somme, j’ai été déçue que le livre termine si vite. Je l’ai trouvé instructif, divertissant, et hautement pertinent. Je n’ai pas lu d’autres livres sur Trump, mais je parie que vous ne serez pas déçu avec celui-là.


* Pour les visuels, voici un graphique illustrant le nombre de livres sur Trump qui ont été publié durant sa présidence.

Tiré de l’article All the Books about Trump’s presidency… so far, sur Book Riot (https://bookriot.com/books-about-trumps-presidency/)

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