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Le Kama sutra a l’effet d’un coït interrompu

C’est certain que vous avez entendu parler du Kama sutra. Ou au moins du 69, source intarissable de blagues cochonnes.

J’ai décidé de voir à quoi ressemblait cet ultime classique de la littérature érotique. J’avais de grandes attentes, et j’étais dans les meilleures dispositions mentales pour aborder cet ouvrage.

Résumé

Le Kama Sutra est un recueil de conseils de sages sur la vie intime et amoureuse datant du VIe ou VIIe siècle et attribué à Vatsyayana. La version que j’ai lue ne contient pas d’illustrations, et c’est normal; celles-ci ne sont apparues que mille ans après le recueil. Première déception.

Le recueil parle de sexe, oui, mais pas seulement. Il explique aussi, par exemple:

  • comment agir avec les autres femmes de son mari quand on est sa préférée;
  • comment, en tant qu’homme, infiltrer un harem;
  • quelles sont les meilleures combinaisons de tailles de “lingam” et de “yoni”;
  • comment séduire un homme (bon truc: laisser sa main un peu plus longtemps sur sa cuisse quand on le shampooine…);
  • comment vérifier l’intérêt d’une femme quand on est un homme (bon truc: attendre qu’elle s’endorme, puis passer son bras autour d’elle; si elle se fâche quand elle se réveille, elle n’est pas intéressée);
  • quelles sont les pratiques sexuelles appréciées par les femmes dans différentes régions de l’Inde (les femmes d’Avanti détestent les baisers, sachez-le);
  • comment extirper de l’argent de son amant;
  • et d’autres conseils peu pertinents pour les humains modernes, mais assez dépaysants.

À travers tout ça, vous verrez passer des positions sexuelles; 64 en tout, et non 69. Deuxième déception.

Impressions

Ce livre n’était absolument pas ce à quoi je m’attendais. Je m’attendais, en gros, à une série de positions sexuelles décrites en détail. À la place, j’ai eu droit à ces indications laconiques:

Lorsque la femme lève ses deux cuisses vers le haut, on parle de “position montante”.

Lorsqu’elle lève ses deux jambes et les place sur les épaules de son amant, on appelle cela la “position du bâillement”.

Lorsque les jambes sont contractées, et donc maintenues par l’amant devant son sein, on parle de “position pressée”.

Lorsqu’une seule de ses jambes est tendue, on parle de “position à demi pressée”.

Lorsque la femme place l’une de ses jambes sur les épaules de son amant et étend l’autre, puis place cette dernière sur son épaule et étend l’autre, et qu’elle continue à le faire alternativement, cela s’appelle “fendre un bambou”.

J’ai lu bien des choses plus érotiques dans ma vie, c’est certain.

Feuille de bétel (Wikipedia)

Mais, en contrepartie, j’ai obtenu une foule d’informations sur les coutumes d’une certaine partie de la population indienne il y a 1500 ans. J’ai appris que le “shampooinage” était commun (et ne concernait pas que les cheveux, mais aussi le reste du corps), et que les feuilles de bétel étaient le cadeau à faire en toutes situations. Qu’était-ce que le “shampooinage”, et pourquoi le bétel était-il si prisé? Ces choses faisaient apparemment tellement partie des connaissances générales qu’elles ne valaient pas la peine d’être expliquées.

Je ne suis pas plus savante en érotisme maintenant que j’ai lu le Kama Sutra, et il y a certainement des manières bien plus ludiques de connaître les fameuses positions. Mais je suis bien contente d’avoir lu cet étrange guide vieux de plus de 1500 ans.