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Zazie dans le métro

Ce livre était à l’étude dans un cours à l’université. Je l’avais lu quand j’étais petite, mais je n’en avais absolument aucun souvenir. Je suis bien contente de l’avoir redécouvert avec un petit plus d’outils pour l’apprécier : je peux maintenant vous le conseiller.

C’est quoi?

Zazie dans le métro est un roman écrit par Raymond Queneau en 1959. Cet auteur est connu entre autres pour ses Exercices de style, un petit livre fascinant où la même histoire est racontée de 99 façons différentes, mais il est aussi le co-fondateur de l’Oulipo, un mouvement littéraire surtout expérimental et intellectuel qui a donné naissance à des curiosités comme un livre composé de languettes de papier qu’on peut agencer comme on veut pour créer des milliards de poèmes différents (Mille milliards de poèmes) et un livre dans lequel la lettre e est complètement absente (La Disparition). Des petits bonbons pour le cerveau… quand on est prêts à les recevoir. De mon côté, j’ai essayé de lire La Disparition il y a quelques années, mais je n’ai pas réussi à le terminer. C’était physique : je ressentais que quelque chose n’allait pas, et je ne l’ai pas supporté.

Zazie dans le métro a été publié un an avant la fondation de l’Oulipo. Il n’en fait donc pas partie, mais on reconnaît très bien la marque de son auteur. Absurde, brillant et tordant, c’est l’histoire d’une petite fille qui rêve d’aller dans le métro, et qui n’y ira pas. Pas la peine d’aller chercher l’histoire beaucoup plus loin, ce n’est pas ça l’important.

Impressions

Honnêtement, on fait rarement des livres aussi drôles. J’ai ri tout le temps, surtout dans les premières pages, parce que j’étais constamment surprise. Les dialogues et tous les jeux de langage sont savoureux, et en tant que linguiste, je me délectais.

Doukipudonktan, se demande Gabriel excédé. Pas possible, ils se nettoient jamais. Dans le journal, on dit qu’il y a pas onze pour cent des appartements à Paris qui ont des salles de bains, ça m’étonne pas, mais on peut se laver sans. […]

Gabriel extirpa de sa manche une pochette de soie couleur mauve et s’en tamponna le tarin.

– Qu’est-ce qui pue comme ça? dit une bonne femme à haute voix.

Elle pensait pas à elle en disant ça, elle était pas égoïste, elle voulait parler du parfum qui émanait de ce meussieu.

– Ça, ptite mère, répondit Gabriel qui avait de la vitesse dans la répartie, c’est Barbouze, un parfum de chez Fior.

– Ça devrait pas être permis d’empester le monde comme ça, continua la rombière sûre de son bon droit.

– Si je comprends bien, ptite mère, tu crois que ton parfum naturel fait la pige à celui de rosiers. Eh bien, tu te trompes, ptite mère, tu te trompes.

– T’entends ça? dit la bonne femme à un ptit type à côté d’elle, probablement celui qu’avait le droit de la grimper légalement. T’entends comme il me manque de respect, ce gros cochon?

Raymond Queneau, Zazie dans le métro

On s’entiche sérieusement de ce style-là. Tout le livre se déroule très vite et on s’amuse follement, mais il faut faire attention, parce que si on va trop vite, on manque des choses importantes, et la fin est déjà assez incompréhensible comme ça.

Je vous le conseille. Oui, c’est un genre de classique, mais c’est surtout tellement drôle et divertissant. Les enfants aussi vont avoir du plaisir. Tout le monde en ressort gagnant.