Saltimbanques
Le premier jour des vacances, c’est aussi le jour où on peut se permettre de sortir un bouquin poussiéreux de la bibliothèque et de s’y plonger. Je ne savais pas du tout ce qu’était ce livre et qui était l’auteur au nom si exotique, mais le titre me promettait du dépaysement. Il s’est avéré que l’auteur, né au Brésil, est en fait québécois. Quant au dépaysement…
Résumé
Le cirque Alberti est composé de dompteurs d’ours, d’acrobates, de trapézistes, de clowns, d’une voyante, d’un mime, de nains, et de quelques jeunes qui ne sont pas encore casés. C’est le refuge de beaucoup de sans-papiers en situation de quasi illégalité qui profitent du cirque pour se refaire une vie. Il roule sa bosse à Gênes, en Italie, peu après la Deuxième Guerre mondiale. La vie est dure en cette après-guerre, les environs sont désolés et tristes, le public est pauvre. Les artistes de cirque dépriment.
Puis, un jour, une bonne nouvelle tombe du ciel. Un de leurs anciens collègues, Léon, qui est maintenant un homme influent en Amérique, leur offre une occasion en or : celle de transférer le cirque en Argentine, qu’il décrit comme un eldorado et une occasion pour légaliser la situation des artistes. Il leur offre le voyage en bateau, des faux papiers et de l’argent pour partir les lancer une fois là-bas. Il fait ça par pure gentillesse, évidemment, mais il a aussi un intérêt personnel : il veut faire passer par le Cheval de Troie du bateau une dizaine de nazis qui ne sont plus bienvenus en Europe. Le cirque n’est que le prétexte. Peu chauds à l’idée d’aider une bande de tueurs à traverser l’océan, le directeur Alberti considère néanmoins qu’il s’agit d’une opportunité d’une vie, et qu’il ne faudrait pas qu’elle leur passe sous le nez.
Les employés bigarrés du cirque se préparent alors au voyage. La voyante Maroussia voit bien des présages funestes dans son tarot, et des proches du directeur voient avec scepticisme cette gentillesse de Léon, mais personne ne remet en question le voyage, grisés par l’idée de l’aventure d’une vie nouvelle.
Mais bien entendu, ils ne s’aperçoivent de la supercherie que lorsqu’il est rendu trop tard. Leurs papiers d’immigration ne sont en fait que des visas valides pour trois mois qu’il sera impossible de renouveler, tandis que leurs papiers italiens expirent au même moment. Dans trois mois, ils seront donc tous apatrides. Qui plus est, le terrain réservé par Léon est un terrain vague sans électricité, sans eau courante et loin de tout. Certains saltimbanques aperçoivent la limite de leur carrière au cirque et s’engagent dans des usines ou comme prostituées, tandis qu’Alberti et deux de ses proches préparent leur vengeance.
Critique
J’étais dans un très bel état d’esprit quand j’ai commencé ce roman. J’étais en congé après la première fin de session éprouvante de ma vie, et j’étais tout simplement heureuse de me plonger dans un livre uniquement pour le plaisir, uniquement pour savourer les mots. J’avais donc beaucoup de bonne volonté, et j’ai essayé de porter attention à tous les bons côtés du roman, comme le bel univers dans lequel il nous plonge, les personnages originaux, les belles descriptions…
Mais avec le recul, je me rends compte que je me suis un peu forcée. Ce n’est pas le roman enlevant que j’aurais aimé pour le début de mes vacances. Je me suis très peu attachée aux personnages, car ceux-ci me ressemblaient très peu. Je sentais que l’auteur essayait de me partager un sentiment d’émerveillement pour le cirque, de me faire vivre des sentiments en décrivant les numéros des artistes. Il y avait énormément de sueur, d’attirance sexuelle, d’amour de l’art, de joie et de misère mélangés… Je l’ai vu, mais je ne l’ai malheureusement pas tout à fait senti. Quant au punch final, il était intéressant, un peu surprenant, mais certainement pas marquant.
Je ne suis pas prête à faire une croix sur Sergio Kokis, au contraire. Peut-être aurais-je dû le découvrir autrement. Je vous invite donc vous-mêmes à regarder ailleurs.