Classiques,  Se distraire

La Carte et le territoire

Je coche des cases, ces temps-ci. J’entends parler de Houellebecq depuis des années (vieux grincheux misanthrope qui écrit des romans déprimants, paraît-il), et je me suis enfin décidée. Je ne connais pas le gars, mais je n’ai pas trouvé son prix Goncourt 2010 déprimant du tout. En fait, il m’a fait rire.

Résumé

Jed Martin est un artiste qui a beaucoup de succès sans qu’on sache trop pourquoi. Il s’est fait connaître en photographiant de près des cartes Michelin, ce qui l’a amené à rencontrer sa blonde splendide et à devenir très riche. Mais il n’est pas particulièrement heureux, ce n’est même pas un sentiment qu’il cherche. En fait, en le connaissant bien, on peut le trouver passif, avec quelques pics de créativité qui semblent provenir de quelque chose d’extérieur à lui.

Quand il rencontre Houellebecq, par contre, quelque chose s’anime chez lui (oui, Houellebecq l’écrivain, qui est également un personnage dans son propre roman). Il y a quelque chose chez cet auteur de grand talent, cynique et asocial, qui l’intrigue. Il aimerait même, se l’avoue-t-il, devenir son ami. En admettant que Houellebecq ait la capacité d’avoir des amis.

Impressions

Je comprends pourquoi ce livre a gagné ce prix Goncourt, c’est très méta. Non seulement l’auteur est un personnage important dans son propre roman, mais il fait ce que Jed Martin fait : il “cartographie” la vie humaine, en quelque sorte. Son roman contient quelque chose comme 160 personnalités connues, qui ensemble représentent leur époque. Les oeuvres de Jed sont au fond les siennes. Et il me resterait à analyser ce que représente la mort brutale de Houellebecq dans le roman. Mais je ne le ferai pas, parce que c’est bien évidemment déjà fait.

J’ai beaucoup apprécié ma lecture, sans non plus crier au génie. Je n’ai pas du tout trouvé ça déprimant, en fait l’apathie de Jed et sa solitude m’ont fait plutôt rire. J’ai trouvé Houellebecq talentueux, et clairement il le sait, ce qui ne me dérange pas en soi. On pourrait certainement se casser la tête sur la symbolique du livre, mais on peut très bien s’en passer aussi car le livre n’a pas besoin de ça pour être intéressant.

Mais j’ai l’impression de ne pas vraiment connaître Houellebecq. Apparemment que ce livre est un de ses plus “soft”, et qu’il a l’habitude de chambouler et de choquer. J’ai bien hâte de voir comment il fait ça.