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Le Temps retrouvé

C’est qui qui a terminé l’interminable À la recherche du temps perdu? C’est moi! Ça c’est un pas pire item à cocher dans sa liste d’épice-vie.

Résumé

On est à la fin de la première guerre mondiale, et le narrateur approche de la fin de sa vie. Il se fait alors des réflexions sur la mémoire, sur les changements opérés sur sa personne, sur ses sentiments éteints. Il s’aperçoit que les gens autour de lui ont changé et vieilli, et réalise ainsi que lui aussi a changé et est devenu vieux. Gilberte, qu’il a tant aimé un jour, lui avoue qu’à une époque, elle l’aimait aussi; il n’en tire aucune émotion particulière. Son ami Saint-Loup revient transformé de la guerre. Il existe maintenant des hôtels pour homosexuels, où il croise Charlus en mauvaise posture. Les salons mondains qu’il fréquente depuis longtemps ont changé du tout au tout, salons qu’il croyait immuables.

Et surtout, c’est dans ce tome, après une vie de procrastination, que le narrateur a une révélation et se décide enfin à écrire. Il comprend que tout ce qu’on perçoit de notre vie, ce sont les images qu’on se fait dans notre esprit, et qui sont forgées par nos sentiments et nos impressions du moment. Avec le temps qui passe, ces sentiments et ces impressions changent complètement, et la personne qu’on était n’existe plus. Les souvenirs qu’on garde du temps passé changent également, puisque la personne qui les a aujourd’hui n’est pas la même que celle qui les a vécus. Le temps passé n’existe littéralement plus. Tout ce qu’on a, c’est le moment présent.

Alors que la santé du narrateur décline, il est maintenant entièrement décidé à écrire son oeuvre. Il se dépêche de le faire avant qu’il perde ses facultés. Et visiblement, il réussit, puisque cette oeuvre existe et qu’on la lit aujourd’hui.

Impressions

Je n’en reviens pas d’avoir fini. Ça m’a pris à peu près trois ans, et c’est bien parfait comme ça. J’ai adoré le premier tome, un peu moins le deuxième, j’ai dû relire le troisième au complet parce que je n’avais rien compris, et à partir de là j’ai pris un rythme de croisière, en lisant tranquillement et sans pression. J’ai admiré les phrases interminables de Proust tout en me disant qu’elles auraient tout de même pu être plus courtes. Je me suis sérieusement ennuyée à certains moments (je ne partage pas du tout l’intérêt du narrateur pour les familles nobles et les noms de lieux), et à d’autres moments je m’arrêtais pour mieux digérer une phrase qui avait touché dans le mille. Je trouvais le narrateur adorable et brillant pendant quelque temps, pour ensuite le trouver stupide et snob, et vice-versa.

Je crois qu’il faut un certain type de personnalité et d’intérêt pour aimer Proust, et j’étais une bonne candidate, mais pas entièrement. Je comprends autant les gens qui adorent cette oeuvre que les gens qui la détestent. Pour ma part, je penche plutôt vers l’adoration, avec des bémols.

Mais j’avoue que cette conclusion est assez phénoménale, au point de me donner l’envie de relire ces sept tomes un jour, quand j’aurai plus de connaissances générales et peut-être un cerveau un peu plus développé. Cette oeuvre est vraiment unique. Je suis fière d’avoir eu la patience d’apprendre à la connaître.