Se distraire

Tout ce que j’aimais, de Siri Hustvedt

Ce livre est le préféré d’une femme de mon cercle éloigné, qui gagne sa vie en écrivant ce qui lui tente. C’est énorme; si on me demandait quel était mon livre préféré, j’aurais de la difficulté à répondre. Et qui sait, peut-être est-elle une plus grande lectrice que moi.

Pour ma part, j’ai bien failli abandonner ce livre en pleurant. J’ai mentionné que depuis que j’ai un bébé, mon cœur est pas mal plus sensible? Eh bien ce livre est venu me le tordre, ce cœur, tout à fait à l’improviste.

Mais je ne l’ai pas fait (l’abandonner, je veux dire; j’ai pleuré, ça c’est certain), tout simplement parce que c’était trop bon, trop bien écrit. Et heureusement, parce que cet événement qui m’a arraché le cœur a été si bien traité que je n’ai pas eu l’impression que mon émotion avait été en vain. Au final, ce livre a été un délice qui m’a fascinée et ouvert l’esprit.

Résumé

Deux couples d’artistes, qui ont leurs enfants en même temps, sont voisins et amis, des décennies durant. La vie passe, avec son lot de malheurs, de joies et de désillusions.

Impressions

La prémisse ne m’intéressait pas particulièrement. Souvent, les personnages artistes qu’on rencontre dans la fiction sont un peu des trous de cul avec des prétentions romantiques, on va se le dire. Mais les artistes dans ce livre sont parmi les plus intéressants et attachants que j’ai jamais rencontrés. Non seulement ils sont authentiques et sans prétention, mais ils discutent de leur art avec un langage qui avait du sens pour moi. De larges pans du livre sont consacrés à la description de certaines œuvres, et c’était fascinant. J’avais envie de me précipiter dans un musée.

Et puis, je l’ai mentionné plus tôt, la façon dont un évènement bouleversant (que je vous laisse découvrir) a été traité m’a grandement impressionnée. C’était simple, beau, et incroyablement réaliste. Mon désespoir a été transformé en compassion, puis en une sorte de douce mélancolie, de façon subtile et abile.

Ce roman est exquis, fait par une maîtresse de l’écriture, parfaitement juste et que je m’imagine mal ne pas toucher tous ceux qui le lisent. Allez-y.