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Stopping the Noise in Your Head: The New Way to Overcome Anxiety and Worry

J’ai vécu récemment une expérience que je ne souhaite à personne. À peu près 150 fois par jour, pendant plusieurs semaines, mon cerveau me lançait des images hautement désagréables, toutes autour du même thème, qui suscitaient chez moi une énorme bouffée d’anxiété. On appelle ça des pensées intrusives.

Imaginez. Vous travaillez, vous écoutez la télé, vous prenez une marche, et tout à coup, “BAM”, l’affaire dont vous avez le plus peur se produit devant vos yeux. C’était seulement dans ma tête, mais les cerveaux ne font pas vraiment la différence entre ce qui est réel et ce qui est imaginé. À chaque fois, mon coeur explosait dans ma poitrine, j’avais chaud et je devenais fébrile. C’était purement et simplement handicapant. Il fallait vraiment que je me sorte de ça.

Normalement, quand quelque chose me dérange, j’utilise l’approche de la Life Coach School, qui consiste en gros à prendre conscience de nos pensées, décider si on veut les garder, et sinon, leur trouver des alternatives. J’avais fait ce travail frénétiquement. Je savais ce que je pensais, je savais que ce n’était pas vrai et pourquoi, et je savais que ces pensées ne m’apportaient absolument rien de positif. Mais rationnaliser ne me servait plus à rien dans ce cas-là. Il me fallait une autre stratégie.

Et c’est là que ma mère, psychologue, m’a suggéré de lire Stopping the Noise in Your Head, du Dr. Reid Wilson.

Résumé

Dr. Reid Wilson est un spécialiste de l’anxiété. Il comprend de quoi elle est faite, ce qu’elle veut et d’où elle vient. Et il sait qu’en général, ce qu’on fait pour l’éliminer ne fait que la nourrir. Il faut changer notre attitude par rapport à elle.

La première distinction qu’il nous apprend à faire, c’est celle entre un vrai signal d’alarme et un bruit : un vrai signal d’alarme, c’est l’anxiété que ressent une étudiante négligente qui doit remettre son travail de 12 pages dans 12 heures et qui n’a pas encore lu le texte dont elle doit parler. Elle se dit : “Merde, j’aurais vraiment dû commencer mon travail plus tôt. Je ne sais pas si je pourrai le terminer à temps.” Là, son anxiété est utile. Elle lui dit : “Voici un problème. Il faudrait que tu trouves une solution au plus vite.” Et la solution est plutôt simple : se mettre au travail.

Un bruit, c’est l’anxiété que ressent une étudiante qui a remis son travail quatre jours à l’avance, qui l’a relu trois fois plutôt qu’une avant de le remettre, qui l’a envoyé par courriel au professeur en plus de lui remettre par papier à son bureau pour être sûre qu’il l’a bien reçu, et qui se réveille en panique à trois heures du matin en se disant : “Peut-être que j’ai mal lu la question. Peut-être que l’angle que j’ai choisi n’est pas le bon. Je dois réécrire mon travail, sinon je vais échouer.” Les solutions disponibles à cette étudiante ne sont pas aussi simples. Il faudrait qu’elle hacke le courriel du prof pour supprimer son courriel, qu’elle rentre dans l’université par effraction, qu’elle vole la copie papier de son travail et qu’elle réécrive tout en quelques heures. Ce n’est pas une vraie solution. Ce n’est pas non plus un vrai problème.

La première étape est donc de déterminer si notre anxiété est un bruit ou un signal d’alarme. Si c’est un bruit, il faut se rendre compte que toute l’énergie mentale passée à s’inquiéter de ce pseudo-problème est gaspillée. Si, par exemple, notre deuxième étudiante se disait : “Mais non, j’ai déjà relu mon travail, il me semble que j’avais fait attention de bien choisir mon angle, et puis même si j’échoue ce n’est pas la fin du monde, je ne vais peut-être pas être acceptée au programme de maîtrise que je veux mais je vais sûrement avoir une belle vie quand même”, etc., est-ce que vous pensez qu’elle se sentira mieux? Non. Tout ce monologue intérieur qu’elle pense “rassurant” ne fait qu’alimenter l’anxiété en lui donnant du matériel pour produire des contre-arguments de plus en plus convaincants. L’anxiété va crier encore plus fort pour essayer de convaincre l’étudiante d’agir.

Alors, que faire? Faire le contraire de ce que l’anxiété veut. Se mettre en position de combat et inviter l’anxiété dans l’arène. “Merci Anxiété, c’est en plein ce que je veux ressentir en ce moment. J’aime ça. Donne-m’en plus!” “Ah oui Anxiété, tu as tout à fait raison. Je devrais effectivement hacker le courriel du prof et passer les prochaines heures à réécrire mon travail de 12 pages. Merci de m’avertir.” “Yé, encore toi, Anxiété! Je suis tellement contente que tu sois là. Reviens quand tu veux!”, ou “Je n’ai pas peur de toi, Anxiété. Je suis amplement capable de te gérer.” On peut aussi demander à l’anxiété d’exacerber nos symptômes physiques. “Pourrais-tu faire battre mon coeur PLUS fort s’il te plaît? Il me semble que je suis trop calme.” Et une fois qu’on s’est adressé à l’anxiété de cette façon, on revient à notre activité : dormir, conduire la voiture, marcher, travailler. Quand nos pensées nous dérangent de nouveau, on recommence. Encore, et encore, et encore.

Ce processus est efficace, c’est prouvé. Vous pouvez y faire confiance.

Ils n’en parlaient pas dans l’édition que j’avais, mais ils ont développé une application pour nous aider dans ce processus. Ça s’appelle Anxiety Challenger. C’est gratuit.

Impressions

J’ai lu ce livre en deux jours à peine. C’était fascinant. Je prenais mon problème tellement au sérieux et tout était tellement dramatique dans ma tête, et l’auteur a réussi à me faire rire. Il est très convaincant, et il m’a donné espoir. Il m’a aussi aidée à me rendre compte que je n’étais pas folle.

La solution qu’il propose est simple, mais pas facile du tout à appliquer. En fait, c’est terrifiant. Inviter l’anxiété à nous rendre encore plus anxieux, c’est absolument le contraire de ce qu’on a envie de faire. Mais la raison de cela est tellement bien expliquée, qu’on le fait quand même.

J’ai utilisé l’application. J’ai compté des centaines de points. Et une fois que j’ai vu que mon attitude envers l’anxiété avait réellement changé, j’ai appliqué une autre stratégie par-dessus : accepter que ma situation était de la merde. Avoir de la compassion pour moi-même. Ça fait vraiment chier d’avoir des bouffées d’angoisse à chaque dix secondes. Ça fait vraiment chier d’avoir des images aussi dégueulasses en tête aussi souvent. Eh oui. C’est la vie. “Oh, c’est toi, Anxiété? Merci de venir m’avertir encore de ce danger imminent, je n’y avais pas clairement pas pensé assez. Ah, tu me proposes un nouvel angle à mon image dégueulasse? Wow, ça change tout. Je vais prendre ça en considération. Reviens quand tu veux!”

Je peux fièrement dire que je n’ai plus ces pensées intrusives. Elles peuvent survenir de temps en temps, mais elles ne sont plus chargées émotivement. Je ne les prends plus au sérieux. Vous n’avez pas idée de mon soulagement.

Je ne crois malheureusement pas que le livre soit disponible en français encore. Mais si vous comprenez l’anglais et que vous souffrez d’anxiété, quelle que soit sa forme, je vous suggère fortement de vous procurer. Ça pourrait tout changer.

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