Romans policiers,  Se distraire

Mon père ne m’a jamais dit pourquoi il était mort, de Anne Fleischman

C’est rare de suivre une auteure depuis le début de son évolution. J’ai lu les trois livres d’Anne Fleischman dès qu’ils ont paru : Cuba Libre, Une île dorée, et maintenant Mon père ne m’a jamais dit pourquoi il était mort. À chaque fois, je suis impressionnée : son premier roman était drôle pour vrai, son deuxième était, je dirais, encore mieux écrit que le premier, et avec son troisième, ça devient plus sérieux. Décidément, ce dernier livre est mon préféré.

Résumé

On retrouve Jean-Jacques Rousseau, gynécologue à la retraite hautement sympathique que nous connaissons depuis Une île dorée. Dans un moment d’attente à l’aéroport, une vieille connaissance lui raconte son histoire. Il raconte que son père, policier qu’il tient en piètre estime, a été tué dans un braquage de train. Qu’est-ce qu’il faisait là, à se jeter dans le danger alors qu’il ne faisait que remplir de la paperasse dans la vie de tous les jours? Il ne le sait pas, mais rejette ça sur le dos de la stupidité. Jean-Jacques Rousseau, quant à lui, n’arrive pas à se sortir ça de la tête. Et décide de mener sa propre petite enquête. Grâce à son charme naturel, son intelligence et sa perséverance (et le temps disponible, disons-le), il retrace petit à petit les raisons du drame.

Impressions

Comme je disais, ce livre est mon préféré de l’auteure. J’étais contente de retrouver Jean-Jacques Rousseau, cet excentrique brillant et qui exude la gentillesse, et j’ai été touchée par cette histoire plus sombre, qui raconte la tragédie de deux frères à la relation complexe, et dont les enfants respectifs admiraient leur oncle au détriment de leur père. Personne n’est noir ou blanc dans cette histoire, y compris Jean-Jacques, et c’est pour ça qu’on les aime.

Je me méfie des récits du passé, qui sont souvent entourés d’un halo de mélancolie. Mais ici, Jean-Jacques Rousseau, qui ne parle pas de sa famille à lui, joue le rôle d’arbitre, et laisse au lecteur la possibilité de se faire sa propre opinion face aux récits parfois contradictoires des témoins. Ce retour dans le temps permet un portrait honnête des personnes dont il est question, permet une réelle mise au point, et je trouve ça rare.

Il y a quelque chose de particulier dans l’écriture d’Anne. Si vous êtes à la recherche d’une nouvelle auteure québécoise, commencez à la suivre. J’ai l’impression que son talent ne va que grandir.


Mon père ne m’a jamais dit pourquoi il était mort

Anne Fleischman