Le soleil et l’acier
Il y a près de 40 ans, un 25 novembre, Yukio Mushima se donnait la mort par Seppuku. Twitter disait aussi qu’il s’agit d’un des plus grands auteurs japonais du XXe siècle. Justement, j’avais une envie de dépenser dans la librairie Kobo. Pour une fois que le timing est bon.
« Le soleil et l’acier » était le seul livre disponible de lui, et non sur lui. On dirait que le personnage fascine plus que son oeuvre. Et vu son oeuvre, sa vie doit être tout un tableau.
Les premières pages, j’étais sidérée. J’ai dit dire « wow » au moins 5 fois et déposant ma liseuse, comme épuisée. C’était une réflexion que je n’avais jamais lue ou entendue de ma vie, des métaphores complètement inusitées, des tournures de phrases inattendues. Et pourtant, c’était facile à lire. Je n’avais qu’à me laisser bercer.
Extrait :
Lorsque j’examine de près ma petite enfance, je me rends compte que ma mémoire des mots a nettement antécédé ma mémoire de la chair. Chez la plupart des gens, je présume, le corps précède le langage. Dans mon cas, ce sont les mots qui vinrent les premiers ; ensuite, tardivement, selon toute apparence avec répugnance et déjà habillée de concepts, vint la chair. Elle était déjà, il va sans dire, tristement gâtée par les mots.
Un culte du corps pas ordinaire
Il ne s’agit pas d’un roman, mais d’un essai. L’auteur explique sa quête assez extraordinaire de combiner le corps et l’esprit. Et il ne prend pas cette quête à la légère : il y consacre des années. L’acier, ce sont les poids que Mishima soulève pour développer ses muscles. Le soleil, c’est se découvrir au grand jour, par contraste au travail de nuit de l’écrivain qui cherche le profondeur dans son esprit, et qui pour ce faire doit faire le calme autour de lui.
Les premières pages m’ont fait un effet immédiat : moi aussi je veux développer mes muscles, prendre soin de mon corps! Je me suis entraînée presque tous les jours cette semaine, j’en ai fait ma priorité. Je suis fatiguée, mais heureuse.
Ouin, peut-être pas exactement la leçon qu’il fallait tirer de ce livre.
Le livre est suivi d’une courte biographie de Mishima. J’ai découvert que malgré le manque d’offre (à la BaNQ, il n’y a aucun roman écrit par lui et dans la librairie Kobo, il n’y en a qu’un), c’est un auteur extrêmement prolifique. Des heures de plaisir en perspective. Ne reste plus qu’à trouver ces bijoux.