Coups de coeur,  Se distraire

Tomorrow, and Tomorrow, and Tomorrow, de Gabrielle Zevin

J’ai oublié de prendre une photo du livre pendant que mon prêt à la bibliothèque était toujours valable, alors vous avez la chance d’admirer mes talents artistiques. Voici mon concept : j’ai pris l’image d’arrière-plan de la couverture du livre et je l’ai mise en arrière-plan de l’image du livre, en essayant d’aligner les deux à peu près correctement. Et je suis quand même fière, ce qui est tout dire.

Cela dit, si mon talent artistique est douteux, celui de Gabrielle Zevin ne l’est pas du tout. J’ai adoré ce livre, et il m’a même donné une envie irrépressible de jouer aux jeux vidéo, ce que je ne fais jamais non accompagnée. Pour une fois, mon avis s’aligne pas mal avec celui des autres; c’est le livre dont j’ai le plus entendu parler cette année, et il a gagné le prix Goodreads de la meilleure fiction en 2022.

Résumé

Je vous avertis, je vais essayer de résumer l’histoire et vous allez trouver que le livre a l’air plate.

Un petit garçon qui vient de perdre ses deux parents et l’usage de son pied dans un accident de voiture rencontre une petite fille, qui vient visiter sa soeur qui a le cancer à l’hôpital. Les deux prennent l’habitude de jouer aux jeux vidéo ensemble, et deviennent rapidement meilleurs amis. Bien des années plus tard, le garçon recroise la fille et développe soudainement l’envie de faire un jeu avec elle. Ils rencontreront un énorme succès ensemble. Mais leur amitié, si profonde qu’elle soit, ne sortira pas indemne de leur relation d’affaires.

Impressions

Ce livre n’est pas parfait, mais j’ai tout aimé de lui.

J’ai adoré les personnages principaux, et je trouvais leur amitié crédible et adorable. J’adorais leurs échanges, ils coulaient et exsudaient l’amour. J’ai trouvé rafraîchissant de lire sur une histoire d’amitié entre un gars et une fille dans laquelle pas une trace d’attirance sexuelle n’était visible (pas avant un méchant bout, en tout cas).

J’ai adoré les descriptions de jeux vidéo, qui m’ont soudainement fait réaliser que c’est une branche du divertissement tout aussi riche et valable que, disons, le cinéma. J’ai aussi adoré le fait que l’auteure ait décidé d’inclure autant de détails sur le développement des jeux. Elle a réussi à rendre ça fascinant, et j’ai maintenant une sympathie nouvelle pour mon gamer de chum ou mon amie qui travaille dans les jeux vidéo. Depuis ma lecture de ce livre, d’ailleurs, je joue moi-même. (J’ai joué à Life is Strange et The Dark Pictures Anthologies, si ça intéresse quelqu’un.)

Je suis aussi d’accord avec les valeurs qui transparaissent dans le livre. J’ai aimé la manière dont l’auteure réussit à déjouer les stéréotypes de genre simplement en mettant des femmes dans des emplois traditionnellement masculins et vice-versa. Il n’y a rien de tel par exemple, et l’anglais est super pour ça, que de parler de “a nurse”, et de faire entrer un homme, en nous laissant constater par nous-mêmes qu’on est surpris. J’ai aussi aimé la façon de traiter de l’homophobie, et j’ai apprécié le discours des personnages sur l’appropriation culturelle. J’ai vu plusieurs personnes qui se plaignaient que le livre était trop “woke”, mais je soupçonne que ce sont les mêmes qui chialent du fait qu’il y a des acteurs noirs dans la nouvelle série du Seigneur des anneaux. J’invite gentiment les gens qui sont inconfortables avec le moindre commentaire social ou même la moindre allusion à une réalité sociale, peu importe à quel point ils sont sensés et bien faits, à se tourner vers une pratique comme la méditation.

Et quand je parlais des aspects imparfaits du livre, je parlais du tempérament incroyablement soupe au lait de la fille qui m’a tapé sur les nerfs, et du personnage de Marx, qui n’a littéralement aucun défaut. Mais bon : les gens fatigants font partie de la vie. Quant au sexy, drôle, brillant, incroyablement gentil, loyal et adorable Marx, eh bien personnellement il ne m’a pas dérangée.

Pour toutes ces raisons, je rajoute ce livre à mes coups de coeur.