Se distraire

Sérotonine de Michel Houellebecq

Il va falloir que quelqu’un m’explique ce qui est supposé être déprimant dans les livres de Houellebecq. Parce que c’est le deuxième livre que je lis de lui en quelques mois, et je trouve surtout qu’il a un excellent sens de l’humour. Ses livres sont même un peu addictifs : j’en veux plus!

Résumé

Le personnage, encore un homme en sorte de crise de la quarantaine, est profondément déprimé. Il a essayé toutes sortes d’antidépresseurs, sans succès. Jusqu’à ce qu’une nouvelle molécule sort sur le marché. Il met ses espoirs là-dessus. Le problème, c’est que ce médicament enlève toute libido. Bon, de toute façon, la seule chose qui le faisait rester avec sa blonde c’était le sexe. Une bonne raison pour partir.

Mais est-ce que cet homme était déjà dingue avant, ou est-ce que c’est l’effet de l’antidépresseur? Un jour, il décide de tout lâcher et d’enchaîner les mauvaises décisions. Et là, on commence vraiment à s’inquiéter…

Impressions

C’est vrai que le personnage n’est pas complètement con, et qu’il dit des choses qui peuvent résonner chez certaines personnes. C’est vrai que son nihilisme peut être contagieux. Et qu’il n’est absolument pas aimable; qu’il vive ou qu’il meure, on s’en fout pas mal. Sans compter certaines scènes plutôt troublantes concernant des crimes sur des enfants.

Mais tout ça est raconté avec un tel détachement. On dirait que le personnage lui-même ne se prend pas au sérieux. C’est une sorte de clown. Il délire tout seul, et se regarde délirer avec presque aucun intérêt et juste une pointe d’auto-dérision. Il dérape, et au final ça n’affecte personne, pas même lui.

En y pensant, je crois que j’ai trouvé quelque chose de bizarrement réconfortant là-dedans : tout le monde s’en fout, et rien n’a vraiment d’importance au fond. Si on adhère juste assez à cette idée, on peut diminuer son anxiété. Mais si on y adhère trop, on peut tomber dans la dépression. Et dans ce cas, il est possible qu’aucune quantité de sérotonine recapturée ne pourra nous aider.

P.S. Ça peut faire des miracles d’abandonner des livres qu’on n’aime pas : on découvre des pépites, et vu qu’on a toujours du plaisir à lire, on veut lire encore plus. Pour faire honneur à cette pratique, nouvelle pour moi, j’ai commencé à recenser les livres qui me demandaient un peu trop de bonne volonté. C’est au bas de la colonne de droite. Allez voir ça 🙂