Propriété privée
Une critique du Devoir m’a donnée envie de lire Propriété privée, par Julia Deck. Kobo facilite tellement le processus de se procurer un livre que j’ai pu assouvir mon désir sur-le-champ, et après avoir fini ma session, j’avais un bijou sous la main, qui a grandement dépassé mes attentes.
La narratrice et son mari, couple plutôt ordinaire mais dont, en réalité, on sait peu de choses, décident un jour qu’il est «grand temps de devenir propriétaires». En bons bourgeois dotés d’une conscience collective, ils se trouvent un immeuble écoresponsable, un endroit où ils pourront respirer tout en étant près du transport en commun, un endroit qui promet le bonheur. Qui ne durera pas. Rapidement, le roman se transforme en thriller. Les voisins sont tellement désagréables qu’ils font peur. La promiscuité devient envahissante, le système de chauffage flanche, on apprend le lourd secret du mari de la narratrice, un chat se fait sauvagement étriper, quelqu’un disparaît, et on cherche le coupable. J’ai lu le tout en deux heures et quart, selon ma liseuse.
Je ne m’attendais absolument pas à être happée par une histoire de banlieusards. Avec une écriture épurée, l’auteure réussit à construire une atmosphère grinçante, profondément inquiétante. La haine que notre couple principal développe envers leurs voisins immédiats, on la développe en même temps qu’eux. À l’inverse, les chapitres où la narratrice prend le thé avec la voisine d’en face nous paraissent, comme à la narratrice, comme un havre de paix. Je ne savais jamais à quoi m’attendre, et la pression s’est accumulée jusqu’à la toute fin.
Comme cadeau à faire, c’est idéal. Ça peut remplacer un bon film : ça dure à peu près autant de temps, ça procure une évasion, et on n’a pas envie d’arrêter avant la fin. Cela va sans dire, je vous le conseille fortement.