Se distraire

Persepolis : raconter l’horreur, tout simplement

Je savais qu’il fallait que je le lise bientôt. Il n’a même pas 10 ans, et c’est déjà un classique. Les hipsters le lisent, les journalistes le lisent (j’ai même vu Judith Lussier dans Les Brutes le feuilleter), les anarchistes du Vieux-Montréal le lisent, et ceux qui ne le lisent pas le respectent. 

Mais bon, je ne suis pas une fan des bandes dessinées (oui, honte à moi, je vais travailler là-dessus), et la couverture simpliste ne me disait rien. Pourquoi, quand ils parlent bien de sujets sérieux, les auteurs pensent-ils qu’ils n’ont pas besoin de marketing?

Peut-être parce que dans ce cas-ci, on parle plutôt de “sans prétention”, comme l’ensemble du livre.

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On assiste à la révolution Iranienne de 1979 à travers les yeux de la petite Marjane. Elle voit émerger les horreurs, les membres de sa famille exécutés, les bombes, la peur et les incohérences du nouveau régime. Jusque là, ce sont des horreurs bien documentées, rien de bien nouveau.

Mais ce qui est fascinant, c’est de voir la petite fille grandir avec cet environnement en toile de fond. Toutes les étapes “normales” de sa vie de femme sont exacerbées. Petite, elle essaie de trouver des explications et simplifie tout ce qui se passe autour d’elle. À la puberté, elle est obligée de se voiler et ne peut pas se promener dans la rue avec un garçon s’il n’est pas son mari, son tuteur ou son frère : les hommes deviennent un mystère intrigant, et son corps, une drôle d’enveloppe. (J’ai d’ailleurs beaucoup ri quand elle décrit comment son corps se déforme en grandissant, comment elle devient “hideuse” et qu’elle double de volume en quelques mois.) Adolescente, elle est carrément rebelle. Comme tout le monde, elle boit et fume du pot, mais elle est en plus torturée intérieurement parce qu’elle va à l’encontre de sa culture : elle a l’impression de trahir sa famille, sa religion, ce qu’elle est. Adulte, elle se marie (évidemment), trop vite (évidemment). Au bout d’un mois, elle et son époux font chambre à part. Et en fin de compte, elle part seule en France, comme une femme responsable qui en a trop vu.

La simplicité fait son travail. C’est beau, c’est touchant, c’est drôle, ça fait peur. Et ça se lit si vite et si bien… Je n’avais pas à chercher d’excuses.


Persepolis

Marjane Satrapi

L’Association

53,96 $


Persepolis