Courts textes,  Se distraire

Monsieur Vénus

Ceci est une courte lecture obligatoire que j’ai dû faire dans un de mes cours de littérature. Franchement, je vous la suggère. Le texte est disponible gratuitement en ligne en suivant ce lien.

L’histoire est plutôt simple. Une femme très riche appelée Raoule tombe amoureuse de Jacques, dont la beauté féminine est si céleste que tout le monde, hommes et femmes, tombe à ses pieds. Tous sont très troublés de se trouver une attirance pour le jeune éphèbe à la peau transparente et au fin duvet roux qui couvre son torse de statue grecque. Dans le couple s’installera une dynamique de renversement des genres, où Jacques prend le rôle de la femme et Raoule prend le rôle de l’homme dominant.

Impressions

À première vue, ce livre m’a semblé très sérieux. Le style et le vocabulaire recherché donnent l’impression que le renversement du masculin et féminin a une signification profonde, qu’il révèle une vérité profonde sur les deux sexes. Il est vraiment impressionnant d’apprendre en préface que l’auteure est une femme de vingt ans, on se croit en présence d’un génie précoce.

J’ai donc attendu un punch métaphysique qui révélerait quelque grande vérité sur la nature des sexes et des genres. J’ai attendu encore, je commençais à me tourner les pouces. Et puis, vers le trois-quarts du roman, j’ai eu un déclic : ce punch n’arriverait jamais. Il est très bien possible, et bien plus libérateur, de s’imaginer l’auteure comme bien d’autres personnes de son âge, en pleine phase de recherche d’identité et de découvertes sexuelles, et de ne voir dans le récit qu’un bête renversement des genres. J’ai alors pu mieux apprécier tout le caractère ironique du roman: les décors grandioses, les extrêmes de richesse, la beauté surréelle des personnages, les stéréotypes féminins et masculins calqués sur le sexe inverse, tout ça est au final très divertissant et m’a beaucoup séduit.

Malheureusement, ma belle révélation n’a pas longtemps porté fruit, car le roman s’est terminé un ou deux chapitres plus loin. Mais quelle fin! Morbide, surprenante, tout en étant très cohérente avec le reste : elle vaut la peine de s’être laissé dupé pendant presque l’entièreté du roman. Je brûle de la révéler mais je ne veux gâcher le plaisir de personne.

Allez-y donc. C’est gratuit.

Note : Bien sûr, les choses ne sont pas aussi simples que ça. À l’époque, le livre n’a pas du tout été pris à la légère. Je ne rentrerai pas toutefois pas là-dedans ici, car je ne trouve pas que ces informations rajoutent au plaisir de la lecture.