Se renseigner

Not the End of the World (“Pas la fin du monde”), de Hannah Ritchie

Un soir, j’écoutais un épisode du podcast d’Ezra Klein, intitulé Is Green Growth Possible?, et j’ai tellement été impressionnée par la personne interviewée, Hannah Ritchie, que je n’ai même pas attendu la fin de l’épisode pour commander son livre. Je ne fais JAMAIS ça. Mais le sujet est tellement dans mes cordes et la fille était tellement articulée et pleine de bon sens que je savais à l’avance que j’allais adorer ce livre. J’avais raison.

Résumé

Les gens ont globalement tendance à penser que ça va mal dans le monde. Il y en a même beaucoup qui considèrent ne pas avoir d’enfants, pour ne pas les forcer à vivre dans un monde si brisé. (C’est une réflexion que j’ai moi-même dû faire avant de décider d’avoir un bébé, d’où ma lecture de The Precipice.) Pollution de l’air, changements climatiques, perte de biodiversité, plastique dans les océans, déforestation; c’est vrai que le monde a beaucoup de problèmes, et qu’avec le temps, ça n’a pas vraiment l’air de s’améliorer.

Mais qu’en est-il vraiment? Si on s’éloigne des unes alarmistes, que disent les données sur l’état du monde à l’échelle de la planète et à travers le temps? Est-ce que c’est vrai que les choses vont de plus en plus mal?

Hannah Ritchie, rédactrice en chef adjointe du site web Our World in Data, regarde ça en détails. Et conclut trois choses : 1) ça va mal sur plein d’aspects, mais 2) ça va mieux qu’avant (oui, oui!), et 3) on a tout ce qu’il faut pour faire beaucoup mieux.

On a tout ce qu’il faut pour créer un monde durable. On n’a “qu’à” regarder les chiffres, déterminer où mettre notre énergie, se retrousser les manches, et le faire.

Impressions

Les gens peuvent être sceptiques en entendant parler d’un livre optimiste sur l’état du monde. C’est la première réaction de mon entourage, et celle que j’ai lue dans le Gardian, par exemple. Oui, mais nos biais cognitifs qui nous empêchent de prendre action? Oui, mais les lobbys du pétrole qui protègent férocement leurs intérêts? Oui, mais les effets soudains et imprévisibles des changements climatiques? Comme si Ritchie n’y avait pas pensé, ou ignorait leur importance.

Ce sont effectivement des barrières importantes, auxquelles l’auteure n’a pas de solution à proposer. Mais ce qu’elle nous fait réaliser, c’est qu’il est faux de penser que les gens ne font rien. Quelques exemples: la déforestation a probablement atteint son pic; l’air qu’on respire est le meilleur des dernières décennies, voir des derniers siècles; les stocks des océans sont probablement en train de se stabiliser; et la pollution plastique peut se résumer à un problème de gestion des déchets, enjeu qu’on peut aisément surmonter. Quant aux changements climatiques, elle nous montre que notre empreinte carbone est beaucoup moindre que celle de nos ancêtres, et surtout, que les énergies renouvelables ne sont avantageuses au plan économique que depuis quelques années seulement. Ce n’est réellement que maintenant que les pays ont une motivation économique à virer vert. Affirmer que les solutions étaient disponibles depuis des dizaines d’années, mais que personne n’a voulu les utiliser, c’est pas mal faux.

Ce que j’ai adoré, ce qu’elle nous montre que notre pessimisme ne nous est pas utile. On ne va pas tous mourir dans 100 ans, pas pour des raisons environnementales en tout cas. Du point de vue de la qualité de vie, on vit à la meilleure époque de notre histoire. Croire que le monde est presque mort ne nous incite pas à agir, ni à nous renseigner pour pouvoir le faire adéquatement.

The Precipice m’a rendue optimiste en me montrant que ce qui me stressait le plus, les changements climatiques, n’était très probablement pas ce qui allait causer l’extinction de la race humaine. Not the End of the World m’a montré qu’en plus, il est possible qu’on crée un monde durable de mon vivant. Je ne me sens pas mal d’avoir mis ma fille au monde.