Littérature québécoise,  Se distraire

Les maisons

Si j’ai bien compris, Fanny Britt est une sorte de célébrité dans le monde de la littérature québécoise. Ce qu’elle écrit est acclamé par la critique, avec raison. On reconnaît son écriture, et on ne l’oublie pas. Son essai Les tranchées m’avait marquée, au point que sept ans plus tard, j’ai décidé de lire son premier roman : Les maisons.

Résumé

Tessa est mère de trois enfants. Elle est amère : elle s’attendait à avoir une belle vie heureuse, et elle se rend compte que le bonheur ne vient pas automatiquement quand on a un mari aimant, une job payante et trois beaux enfants. Elle en veut à l’univers. Alors quand elle recroise un amour de jeunesse et qu’il lui donne rendez-vous, elle se demande si la vie, pour se faire pardonner, ne lui a pas lancé une bouée de sauvetage.

Impressions

Le prémisse n’est pas particulièrement originale. Des gens frustrés de ne pas être parfaitement heureux, on connaît ça. Et dans un sens, c’est ce qui est particulier : l’identification avec les personnages est presque totale. Le livre et son style précis et ironique nous transporte automatiquement dans un environnement extrêmement familier, chez nous, en quelque sorte. Surtout que ça se passe à Montréal. J’avais l’impression de me promener dans mon quartier et de voir à travers les yeux de ma voisine.

Puis, j’ai commencé à avoir peur. L’homme en question, l’amour de jeunesse de Tessa, s’avère être un con. On apprend qu’il avait dix ans de plus que Tessa à l’époque, a couché avec elle pendant six mois, pour finalement la laisser parce que sa blonde était revenue en ville. Eh oui, il avait une blonde tout ce temps. Tessa s’est fait briser le coeur en mille petites miettes. Mais plutôt que de se dire quelque chose comme “Quel con, j’espère qu’il souffre”, elle se rappelle tout le bel amour qu’elle a ressenti pour lui, tous les beaux moments qu’ils ont passé ensemble (c’est-à-dire tout le sexe sauvage qu’ils ont eu), et à regretter cette période excitante de sa vie.

NOON! TON MARI EST GÉNIAL EN PLUS! FAIT PAS ÇA!

Le suspense était insoutenable. J’étais prête à renier Fanny Britt et à jeter le livre par la fenêtre si Tessa décidait d’avoir cette aventure et qu’elle partait, heureuse comme à ses vingt ans, avec son “vrai” amour. Je ne pas eu le choix de tout lire presque d’une traite pour le savoir.

Je ne vous dis pas la fin. Mais elle est parfaite.

J’ai vu que plusieurs critiques ont pris ce livre avec beaucoup de sérieux, en le qualifiant de “percutant” et de “bouleversant“. Ça n’a pas été mon cas. Il est intriguant, ça c’est certain, mais il m’a surtout fait rire. Il y a beaucoup d’ironie chez Fanny Britt, et c’est ce qui m’a frappée avant tout. Il ne m’a pas bouleversée, au contraire, il a confirmé ce que je savais déjà.

Alors, oui, allez-y, lisez-le. Je vous souhaite un bon moment.