Se distraire

L’amie prodigieuse III – Celle qui fuit et celle qui reste

Je continue sur ma lancée. Quel délice.

Résumé

Elena est maintenant diplômée de l’école de Pise et s’apprête à se marier avec un brillant universitaire. On est à la fin des années 60 et, entourée d’intellectuels, elle est aux premières loges pour assister à la montée des mouvements protestataires et féministes. Elle écrit un roman qui connaît un certain succès teinté de scandale.

Lila, elle, a quitté son mari Stefano. Elle vit dans un logement misérable avec son fils, Gennaro, et travaille dans une usine de salaisons. Elle travaille dur pour presque rien et se fait harceler par ses collègues masculins. La vie de prolétaire, elle la connaît.

Lila a choisi une vie complètement différente de celle d’Elena. Malgré cela, elle continue à exercer une influence profonde sur son amie, qui malgré toute son apparence de succès, n’arrive pas à être satisfaite de sa situation. Le temps est au changement.

Impressions

Le deuxième tome était enlevant et passionnel, comme on pouvait s’y attendre avec des personnages adolescents. Dans ce troisième tome, alors que Lila et Elena sont mariées et travaillent, le ton est beaucoup plus sérieux.

Ce n’est pas un tome amusant. Lila est vraiment dans la misère. La joie est absente de sa vie. Elle n’ose plus aimer de nouveau et aborde la vie avec un cynisme désolant, mais compréhensible. Elena, elle, vit sa vie sur le pilote automatique. Elle publie un livre sur un coup de tête et son succès la dépasse. Elle se marie avec un intellectuel parce qu’elle sent que c’est un bon parti, pas parce qu’elle l’aime. Elle a des enfants, mais sa vie de mère ne la comble pas. Elle ne connaît pas la misère matérielle, mais on voit bien qu’en fait elle n’est pas à envier.

Ce troisième tome est excellent, comme les deux tomes précédents. Le ton change, mais la qualité reste égale. L’écriture est toujours très belle, à la fois simple et poétique. Les personnages sont réalistes (sauf Lila, dont l’intelligence est un peu hors de ce monde, mais c’est voulu) et complexes. Et le contexte sociopolitique nous permet d’apprendre sur l’époque.

Les péripéties ne manquent pas, et du drame, il y en a. Malgré tout, ça reste une lecture calme et reposante. On peut laisser le livre de côté plusieurs jours sans problème, mais on sait qu’il est là, qu’il nous attend, et qu’on va y revenir. Pas le choix; une fois qu’on y a goûté, on ne peut pas l’oublier.