La tante Julia et le scribouillard (et mon enthousiasme débordant)
J’aime quand les gens déménagent, surtout quand ils sont des lecteurs. Ma partenaire de radio, Isabelle, m’a donné quelques-uns de ses livres pour se décharger un peu. Je pensais qu’elle les donnait au hasard de ses connaissances, mais apparemment, non… Il était en plein pour moi, et je l’ai dégusté comme un bonbon.
Le petit Varguitas, 18 ans, travaille à la radio Panamericana, une job qui consiste à découper les nouvelles intéressantes dans les journaux et à les remâcher pour qu’elles soient potables à la radio. Accessoirement, il doit surveiller son collègue Pascual, obsédé par les nouvelles d’accidents, de catastrophes et de meurtres et qui a la fâcheuse tendance de consacrer tout un bulletin de nouvelles à une bataille sanglante entre gangs de rues.
Une nouvelle venue dans la famille lui tape à l’oeil : la tante Julia, la soeur de la femme à son oncle. Divorcée, 32 ans, elle rit beaucoup, trouve Varguitas mignon comme un gamin et se cherche un nouveau mari.
Le chapitre se termine. Commence alors une toute nouvelle histoire qui n’a absolument rien à voir avec la première. Du moins c’est ce qu’on croit. Elle aurait été du goût de Pascual : dramatique jusqu’à la caricature. Un docteur dans la cinquantaine, beau bonhomme, s’apprête à assister au mariage de sa nièce avec un petit rouquin, bien gentil, mais stupide. Il se sent un peu mal de penser ainsi, mais au gym où il s’entraîne avec son neveu, celui-ci lui confirme ses impressions. Le rouquin est un con, un imbécile heureux. Il forme décidément un drôle de couple avec la nièce du docteur, la plus belle et la plus pétillante femme de la ville. Le neveu, l’air furieux, lève ses poids avec ses biceps d’Apollon, pendant que l’entraîneur les traite de cadavres. C’est une scène hilarante.
Le mariage, splendide, commence. Tout le monde danse, pendant que le frère de la mariée, soûl comme une barrique, broie du noir sous un arbre. Tout à coup, la mariée s’effondre en pleine piste de danse. Le docteur l’amène dans sa chambre, et s’aperçoit qu’elle est enceinte… de quatre mois. Le rouquin n’est pas au courant. Mais de qui peut-elle bien être enceinte? Le docteur, catastrophé, voit son neveu qui semble proche du suicide, et un affreux doute s’empare de lui…
Fin du deuxième chapitre. Je retourne à l’histoire principale, secouée, amusée, émerveillée. L’histoire était drôle, surprenante, et remarquablement bien écrite. Le genre d’histoire où on passe autant de temps à admirer l’écriture qu’à apprécier l’histoire.
On alterne ainsi entre l’histoire d’amour entre le petit journaliste et la tante Julia et des histoires rocambolesques, toutes plus drôles, dramatiques et originales les unes que les autres. J’ai fini par comprendre le lien entre toutes ces histoires, mais après bien des chapitres déconcertants.
Mon enthousiasme pour ce roman est débordant. J’ai dû tout raconter au moins cinq fois à mes proches, et ils devaient me supplier pour ne pas que je leur révèle tous les punchs. Ça m’a pris du temps à le lire, car comme à chaque fois que je tombe sur une perle, je veux me réserver du temps de qualité pour lire à voix haute, dans le silence et avec toute ma concentration.
Merci Isabelle!
La tante Julia et le scribouillard
Mario Vargas Llosa
17,96 $