La définition du grand amour dans Le coeur sous le rouleau compresseur

Ces derniers temps, je suis vraiment plus relaxe. Le soleil et la chaleur sont revenus, et je me permets de flâner et de me laisser aller à des folies… comme d’acheter un livre usagé dont je n’avais jamais entendu parler, mais qui avait l’air bon, à la Bouquinerie du Plateau. Je ne risquais pas grand-chose, à 1$. Ce n’est qu’au dernier chapitre que j’ai appris que c’était le deuxième tome d’une série. No big deal.

Gil raconte son histoire. Ça commence quand il a 9 ans. Il revient d’un hôpital, la Résidence Home d’Enfants les Pâquerettes. Il a fait “un truc” à Jessica, et depuis ce temps ses parents lui interdisent de la voir. Évidemment, si on a lu le premier tome (Quand j’avais cinq ans, je m’ai tué), on sait tout de suite ce que Gil a fait à Jessica, mais sinon, on ne fait que le deviner. Et franchement, je préfère le deviner.

Gil va tout de même souvent devant la maison de Jessica, et il pose des cadeaux sous un arbre. Il reste là pendant des heures, espérant l’apercevoir. Plus tard, il lui racontera à quel point il pensait souvent à elle :

La nuit, je m’endormais en pleurant parce que je n’arrivais plus à te voir dans ma tête, à voir ton visage. Je me donnais des coups de poing sur la tête toute la nuit. J’enfonçais mes poings dans mes yeux. C’est drôle, quand on est petit, on croit que ce sont les yeux qui voient. Mais jamais, ton image ne me revenait. Ma mère était gênée quand elle m’emmenait chez le coiffeur. Elle ne savait comment lui expliquer tous ces bleus sur mon cuir chevelu.”

Mais il ne la reverra que bien plus tard, quand il a 16 ans (son écriture suit son âge, plutôt bien d’ailleurs). Il la voit à travers une foule, et comme dans un film au ralenti, il ne voit qu’elle, elle se retourne, ils sont seuls au monde, il marche vers elle comme dans un rêve, elle lui prend la main et ils s’en vont, peu importe où. Ils se retrouvent pendant une journée, jusqu’à ce qu’elle se marie avec un avocat, le lendemain.

Gil est complètement fou d’elle. Il veut l’oublier, mais elle l’en empêche : elle lui envoie sans arrêt des lettres qui finissent par “je t’aimerai toujours”. Il devient psychiatre et il suit lui-même une thérapie pour l’effacer de sa vie, pour qu’elle arrête de le tourmenter. Il change d’adresse, il ne répond plus au téléphone, mais rien n’y fait, elle trouve toujours une manière de le rejoindre. Décidément, c’est une histoire douloureuse.

Jamais ils ne s’oublieront. L’esprit tordu de Gil a trouvé son double chez Jessica. Leur complicité est si complète qu’elle m’en a donné des frissons. Son adoration totale est si naïve et si sincère qu’on a envie de pleurer.

J’avais des doutes au début. Encore une fois, l’écriture franchouillarde qui, cette fois, est bel et bien due à la traduction me tapait sur les nerfs, et l’écriture style “enfant” me pèse un peu : c’est rare que ce soit bien fait, j’ai l’impression qu’on dépeint les enfants plus niais qu’ils ne le sont vraiment.

Mais ma petite irritation s’est vite dissipée. Quand le narrateur atteint l’âge de 16 ans, le style s’améliore. Et il y a réellement des petits bijoux dans le livre, à la fois dans les réflexions et dans les descriptions des personnages. À la fin, j’étais émue.

Ce n’est pas parce qu’on n’en entend pas parler que ce n’est pas bon.

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Le coeur sous le rouleau compresseur

Howard Buten

14,95 $