La bouche pleine
J’adore la littérature étrangère, évidemment, mais je dois dire que quand je tombe sur de la bonne littérature québécoise, je trippe. Je lis ça à voix haute, et ça coule. C’est un peu la différence entre lire un texte de théâtre et parler dans la vraie vie. Je comprends les blagues pour vrai, et je les trouve drôle. J’oublie presque que je ne suis pas en train de jaser avec ma meilleure chum. J’adore. Et ça a été en plein mon expérience avec La bouche pleine, d’Elisabeth Massicolli.
Résumé
Camille, une jeune Montréalaise de 26 ans, fait de la rédaction dans une compagnie, niaise avec sa meilleure amie Julianne, et se cherche désespérément un gars pas trop pire qui va l’aimer en swipant sur Tinder et en cruisant à la Taverna. Elle a le coeur amoché, mais pas assez pour arrêter d’essayer.
Dis comme ça, ça n’a pas l’air d’aller si mal. Mais son coeur est sur le point d’exploser. Elle se fait offrir une job qui ne lui ressemble pas par un monsieur qui a plus l’air de vouloir coucher avec, ça fait une couple de fois qu’elle oublie qu’il y a d’autres personnes qu’elle sur la terre qui méritent de l’attention, ses séances chez la psy ne l’aident pas beaucoup, et elle vient de rencontrer un gars qui a l’air fin. Oh oh.
Impressions
J’ai 25 ans, Camille 26. Je suis Montréalaise, elle aussi. Et ça ne pas fait assez longtemps que j’ai arrêté d’être une célibataire désespérée pour oublier comment c’est. J’ai choisi ce livre parce que je pensais que ça pourrait me rejoindre : je n’avais pas idée à quel point.
Elisabeth Massicolli est féministe, et ça paraît. Dans son roman, je me sentais comprise en tant que femme. Il y a les messages que Camille reçoit sur Tinder :
hey
u up???
wanna fuck
…
bitch
ur not even pretty
– Alessandro, 36 ans
Il y a son besoin de dire aux gars qu’elle a un chum, pour qu’on la laisse tranquille. Il y a les messieurs louches qui prétendent voir en elle un grand potentiel. Il y a les sentiments de marde le lendemain d’une soirée où elle a juste trop bu pour rien. Et j’en passe plein. C’est cru. Ça n’y va pas avec le dos de la cuillère.
Mais j’ai aussi beaucoup ri. Camille a un très bon sens de l’humour. J’ai adoré les dialogues. Et il y a un chat qui s’appelle Tourtière.
Un beau mélange de légèreté et de profondeur. À mettre entre les mains des jeunes femmes qui, à certains moments, trouvent la vie dure.