Coups de coeur,  Courts textes,  Se distraire

Fugitives, de Alice Munro

J’ai découvert quelque chose.

Alice Munro est une fierté canadienne. En 2013, elle a gagné rien de moins que le prix Nobel de littérature. Mais peut-être parce qu’elle donne l’impression d’écrire des petits récits gentils, ruraux et lents, je n’avais pas particulièrement envie de la lire. (Même si ce genre d’histoires est plutôt mon genre. J’en ai lu souvent, que peut-il y avoir de si original, me suis-je dit.)

Puis, j’ai lu la première nouvelle de ce recueil, et j’ai eu la respiration coupée. Littéralement. J’ai été fascinée, chamboulée, puis hantée.

Ensuite, j’ai été embarquée dans une suite de trois nouvelles qui auraient pu composer un petit roman, avec le même personnage principal qu’on suit dans le temps. (Ou un film: ah tien, c’est ce qui est arrivé. Voir plus bas.) J’ai eu le temps de m’attacher au personnage, et d’avoir le coeur un peu brisé.

Puis, j’étais conquise. Les nouvelles qui suivent sont tout aussi poignantes, mystérieuses et bien ficelées, et il est facile de s’attacher à chacune des nouvelles héroïnes. Car ce sont toutes des femmes qui ont le devant de ces récits, et j’apprécie beaucoup. Même si ce sont des nouvelles, on a le temps à chaque fois de se plonger dans un nouvel univers. Le rythme est plutôt celui des romans, mais comme ce sont des nouvelles, on attend avec fébrilité l’élément déclencheur. Et puis cet élément déclencheur survient, et il n’a jamais la forme à laquelle on s’attendait. Je me sentais presque comme dans un roman policier.

J’ai eu beaucoup de facilité à m’identifier aux personnages, et je crois que beaucoup de femmes seront de mon avis. J’ai pu me revoir dans certaines situations quand j’étais plus jeune, avec des hommes par exemple, qui me font frémir avec le recul, mais qui en fait se sont bien passées. Dans ce livre non plus, ces situations ne se terminent pas mal (ou en tout cas pas mal de la manière qu’on aurait imaginée) : les hommes sont gentils, à leur façon.

Vraiment, j’ai découvert quelque chose.

Julieta

Comme annoncé sur la couverture, le livre, et plus précisément le groupe de trois nouvelles consécutives que je vous ai mentionné plus tôt, a inspiré Julieta, de Pedro Almodóvar. Il n’est pas sur Netflix, mais je l’ai loué sur Youtube. J’aimais déjà Almodóvar, mais je l’aime encore plus maintenant pour avoir choisi de mettre ces histoires en film.

Voici l’histoire. Julieta s’apprête à partir de Madrid au Portugal avec son amoureux. Mais dans la rue, elle rencontre Beatriz, qui lui dit qu’elle a croisé sa fille il y a quelques semaines, et que celle-ci pense que Julieta est toujours à Madrid. Alors, elle laisse tomber tous ses plans. Si sa fille pense qu’elle est toujours à Madrid, elle y restera. Et on retourne dans le passé pour comprendre pourquoi sa fille, avec qui elle était pourtant très proche, est partie aussi brusquement et sans donner de nouvelles, il y a 12 ans.

Le film est plutôt fidèle aux nouvelles de Munro, tout en rajoutant juste assez de contenu pour boucler la boucle. Car dans les nouvelles, il y en a davantage qui est laissé à notre imagination. Et les magnifiques images en HD ont contribué à imprimer dans mon cerveau cette belle histoire qui avait l’air faite pour moi.

Je peux rajouter ce livre dans mes coups de coeur. J’espère que vous l’aimerez autant que moi.


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