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Dune, de Frank Herbert

Vous avez sûrement entendu parler du film Dune, sorti en 2021. Il a eu un succès assez impressionnant, et Denis Villeneuve est maintenant une vraie star nationale. C’était un magnifique film, même si je ne comprenais rien de ce qu’il se passait et qu’il a failli me briser les tympans la première fois que je l’ai vu au cinéma (ce film est un party de bruits blancs et ils étaient crinqués au max pour une “expérience immersive”).

Eh oui, je l’ai vu deux fois au cinéma. Je n’ai pas plus compris la deuxième fois que la première.

Mais à Noël l’année passée, mon beau-père m’a offert l’intégrale de Dune, et j’ai commencé à le lire en tandem avec mon chum. Et là je viens d’apprendre que Dune est le livre de science-fiction le plus populaire de tous les temps avec 20 millions d’exemplaires vendus. On a lu les trois premiers livres (il y en a six), et on a tous les deux beaucoup aimé ça, même si lui est un tantinet plus enthousiaste que moi. Je vous raconte ça.

Résumé

J’ai lu jusqu’à présent les trois premiers tomes du cycle Dune, et je vais très certainement lire les trois derniers. Mais pour ne rien vous ôter du plaisir de découvrir l’histoire, je ferai simplement un bref résumé du premier tome, qui vous permettra aussi de comprendre le film, mieux en tout cas que moi je l’ai compris.

Très loin dans le futur de l’espèce humaine, le duc Leto Atreides règne sur son fief, sur une planète appelée Caladan. Sa concubine officielle, Dame Jessica, lui a donné un fils, Paul Atreides. Dame Jessica a, ce faisant, désobéi à une étrange école uniquement féminine à laquelle elle appartient et qui lui ordonnait de produire une fille. Cette école, dont les membres s’appellent les Bene Gesserit, procèdent en effet à une sélection génétique stricte en espérant créer le Kwisatz Hederach, un homme qui pourra voir “ce qu’elles ne peuvent voir”.

Un jour, l’Empereur ordonne à Leto de gérer la planète Arrakis, aussi appelée Dune. Cette planète incroyablement désertique et aride possède une ressource d’une valeur tout aussi incroyable : l’Épice, qui permet le voyage interplanétaire, mais qui confère également à ceux qui la consomment des visions mystiques.

Leto sait toutefois que c’est un piège : en prenant le contrôle d’Arrakis, il se rend vulnérable aux attaques de la famille Harkonnen, les précédents gestionnaires de la planète et ennemis historiques des Atreides. Il n’a toutefois pas le choix de se jeter dans la piège. Il tente donc de tirer profit de sa connaissance du complot pour protéger sa famille du danger du mieux qu’il le peut.

Impressions

Je dois dire qu’encore une fois, le livre dépasse de loin le film.

Il n’y a pas vraiment moyen de faire mieux. L’univers de Dune est parmi les plus complexes que j’ai vus. Je pense que Le Seigneur des Anneaux pourrait s’y comparer, mais je ne l’ai même pas lu. Pour vraiment rendre justice à toute cette complexité, il faudrait une série. (Une mini-série a été faite en 2000, mais elle a trois épisodes seulement. Je serais curieuse de ce que les gens en ont pensé.)

Pour nous initier à cet univers sans nous ennuyer avec des pages et des pages d’explications, l’auteur, Frank Herbert, utilise une technique dont je ne connais pas le nom mais qui consiste à nous mettre en plein dedans, sans préambules (une sorte d’in medias res pour l’univers plutôt que pour l’action). Résultat : le lecteur doit composer avec des mots spécifiques au système politique, aux animaux, aux races, aux matériaux etc. de cet univers et dont il doit déduire la signification à partir du contexte. Ça marche, parce qu’on finit par comprendre pas mal de choses sans briser l’action. Mais en contrepartie, on doit rester attentif. Et ça, ce n’est pas la meilleure chose à demander à une lectrice comme moi, qui ai tendance à lire vite tout en pensant à ma fin de semaine et en me demandant ce que je vais manger pour souper. Heureusement que mon chum hyperfocus était avec moi pour compenser mes failles d’attention.

Non seulement ça, mais les personnages dans Dune sont toute une paire de manches. Le duc Leto Atreides est constamment en danger de mort : il a donc appris à détecter les sous-entendus et les sous-sous-entendus de chaque conversation et il doit développer des stratégies à chaque fois qu’il ouvre la bouche ou fait un pas. Dame Jessica, quant à elle, est une Bene Gesserit, et ces femmes-là ont été entraînées toute leur vie à contrôler leur corps et leurs pensées pour atteindre leurs buts. Son mari Leto est un amateur en comparaison. Et Paul, eh bien c’est le fils de ces deux-là, et même s’il est un homme, sa mère l’a entraîné à la Bene Gesserit. Imaginez les dîners mondains. C’est un mal de tête.

Tout ça peut être un peu ardu, mais c’est ce qui fait le charme de Dune : c’est un livre intelligent, qui nous prend pour des gens intelligents. C’est très gratifiant de donner au livre l’attention qu’il mérite et de suivre tout ce qui se passe, parce que c’est captivant. On redoute la désertique Arrakis (gardez une bouteille d’eau, je vous promets que vous aurez soif), on admire et on déteste à la fois les Bene Gesserit, on veut goûter aux épices, et on est terrifiés par les vers du désert. Une fois qu’on est dedans, il est très difficile de s’en extirper.

Alors, est-ce que vous allez contribuer à ce que le livre se rende aux 21 millions d’exemplaires vendus?

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