Babel, de R. F. Kuang
C’est une publication de Bite Size Reviews, sur Substack, qui m’a convaincue de lire Babel.
D’ailleurs, on peut-tu parler de Substack? Si mon site n’était pas aussi beau (dit-elle avec un air de fausse modestie), je regretterais presque de ne pas avoir lancé mon blogue là-dessus. J’adore le format courriel: il me permet de rester au courant des nouvelles publications des comptes que j’aime sans être obligée de passer par les méchants réseaux sociaux. En plus, ça me donne l’impression d’avoir un lien plus privilégié avec l’auteure du courriel, même si c’est totalement fabulé de ma part: c’est comme si elle m’écrivait, à moi personnellement! Je vous invite fortement à aller voir ça.
En passant, moi aussi j’envoie des courriels contenant mes nouvelles publications : si vous voulez en recevoir, c’est dans la barre de droite.
Donc. Kyle, l’auteur de Bite Size Reviews, était d’un enthousiasme contagieux pour Babel. Mais même si je peux comprendre son opinion, je ne la partage pas tout à fait.
Résumé
On est à Oxford dans les années 1830. Quatre jeunes adultes, tous appartenant à une minorité ethnique ou de genre dans le monde académique anglais de l’époque, ont été recrutés pour étudier en traduction. L’Institut de traduction d’Oxford s’appelle Babel (comme la tour de Babel), et ceux qui y travaillent jouissent d’un immense honneur, car leur travail est littéralement essentiel au fonctionnement de la société. Ça a rapport avec la magie, d’une façon que je vous laisse découvrir par vous-même si vous en avez envie. Ils sont voués à faire partie de l’élite de la société. Mais, il y a un mais.
Impressions
J’avais de grandes attentes pour ce livre. Kyle n’est pas le seul à en avoir parlé ces derniers temps, et je ne m’attendais à rien de moins qu’un chef-d’oeuvre.
Il a effectivement des ingrédients pour qu’on le considère comme tel : il est long (545 pages), sa couverture est magnifique, il regorge d’informations intéressantes sur l’étymologie, la traduction et la linguistique, des relations complexes et profondes s’y développent, et il y a des réflexions sur le monde académique, le racisme et le sexisme qui titillent notre moralité. C’est un roman ambitieux, plutôt casse-cou, et qui relève le défi qu’il s’est donné.
Mais il y a un élément majeur qui m’empêche de lui donner autant de crédit : il n’y a aucune subtilité dans le propos. L’auteure veut vraiment qu’on comprenne que le colonialisme, c’est mal, et semble oublier que c’est déjà le discours dominant en ce moment et que, de toute façon, ses lecteurs sont capables de faire des déductions. Alors elle s’assure que son message soit absolument dénué d’ambiguïté et nous le répète encore et encore (merci Books are Life pour les citations):
It was so obvious now that he was not, and could never be, a person in his father’s eyes. No, personhood demanded the blood purity of the European man, the racial status that would make him Professor Lovell’s equal. Little Dick and Philippa were persons. Robin Swift was an asset, and assets should be undyingly grateful that they were treated well at all.
“You have such a great fear of freedom, brother. It’s shackling you. You’ve identified so hard with the colonizer, you think any threat to them is a threat to you. When are you going to realize you can’t be one of them?“
Je m’attendais à beaucoup du livre, mais le livre s’attendait à très peu de moi. Il m’a traitée comme si j’avais bon coeur, mais une éducation défaillante et une capacité cognitive bien moyenne. Certes, j’ai été divertie. Mais est-ce qu’il y a matière à s’exciter à ce point-là? Je ne crois pas.
En anglais seulement :