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Loving What Is

L’autre jour, je me suis réveillée avec l’impression que quelqu’un appuyait de toutes ses forces sur ma poitrine. Je venais de faire un rêve très long et très détaillé d’une rencontre, 8 ans plus tard, avec une vieille amie qui a décidé de continuer son chemin sans moi. Je voulais comprendre pourquoi elle était partie comme ça, et elle refusait de me répondre. Elle restait très loin, même si je la secouais par les épaules en lui criant après. La frustration et le désespoir que je ressentais ne m’étaient pas du tout étrangers. Ce sont encore les émotions que j’ai quand je pense trop à elle.

Mais la réalité, c’est qu’elle m’a fait savoir, très clairement, qu’elle ne voulait plus me revoir, et son attitude est très cohérente avec ses propos. Elle est partie, et quand je me suis réveillée beaucoup trop tôt avec toutes ce tumulte émotionnel l’autre jour, j’ai décidé qu’il était plus que temps que je fasse la paix avec ça.

Je suis donc allée acheter Loving What Is, de Byron Katie, dont Brooke Castillo dans son podcast m’avait beaucoup parlé. Elle a été pour elle une influence absolument majeure. Elle disait que c’est elle qui lui avait permis d’enfin faire la paix avec son passé. Elle comprend maintenant que, comme dit Byron Katie, quand tu argumentes avec la réalité, tu perds… mais seulement 100% du temps.

Quand tu argumentes avec la réalité, tu perds… mais seulement 100% du temps.

Deux jours plus tard, je l’avais terminé, et je me sentais libérée d’un poids énorme.

Résumé

Byron Katie dit qu’elle s’est “éveillée à la réalité” en 1986. Sa réalisation est plutôt banale : la réalité est ce qu’elle est, et elle se fout de ce qu’on en pense. Nos souffrances viennent du fait qu’on y résiste. Pour le dire autrement, ce sont nos pensées par rapport à la réalité qui nous font souffrir, pas la réalité elle-même.

Ça a l’air niaiseux, mais ce concept-là, que ce sont nos pensées qui créent nos émotions et pas la réalité elle-même, ça m’était complétement étranger il y a un ou deux ans. J’étais certaine que c’était ce qui se passait dans ma vie qui me rendait malheureuse, et je me sentais complètement impuissante, parce que ma capacité de changer le monde est extrêmement limitée. C’est une réalité fondamentale bien connue, et la plupart des gens à qui je parle de ma découverte me regardent comme si j’étais retardée, mais je ne sais pas pourquoi, je ne l’avais pas compris par moi-même. J’ai dû l’apprendre. C’est à ça que ça sert les livres de croissance personnelle.

Personne ne peut me blesser émotionnellement. Ça, c’est ma job.

Byron Katie a donc développé un petit modèle très simple pour déconstruire nos pensées qui nous font souffrir. Le plus facile, c’est de commencer par l’appliquer sur des personnes. Voici comment on procède.

Premièrement, on s’assoit avec une feuille de papier et un crayon et on répond aux questions suivantes, en laissant libre cours à notre soi intérieur rancunier, injuste, etc. Ce n’est pas le temps de jouer au sage éclairé.

1- Dans cette situation, qui te fait souffrir, et pourquoi?

2- Dans cette situation, comment aimerais-tu que la personne change? Qu’est-ce que tu aimerais qu’elle fasse?

3- Dans cette situation, quel conseil lui donnerais-tu?

4- Qu’est-ce que tu aurais besoin que cette personne dise, fasse, pense ou sente pour que tu sois heureux dans cette situation?

5- Qu’est-ce que tu pense de cette personne dans cette situation? (C’est le temps d’être bien mean.)

6- Qu’est-ce qu’il y a dans cette situation que tu ne veux plus jamais vivre?

Ensuite, on prend tout ce qu’on a écrit, et on passe par-dessus avec ces quatre questions :

  • Est-ce que c’est vrai?
  • Est-ce que tu peux être absolument certain que c’est vrai?
  • Comment réagis-tu, qu’est-ce qui se passe, quand tu crois cette pensée?
  • Qui serais-tu sans cette pensée?

Ensuite, on revire à l’envers tout ce qu’on a écrit, et on regarde si c’est plus, moins, ou aussi vrai que la phrase originale. Exemple : Elle me déteste devient Je la déteste, ou Je me déteste. Est-ce que c’est aussi vrai, ou plus vrai?

Le livre décrit en détail cette méthodologie, qui ne s’applique pas seulement aux personnes mais à n’importe quelle situation, et nous offre des transcriptions de discussions que Byron Katie a eues avec des gens qui souffraient et qui avaient répondu aux questions préliminaires. Byron Katie les aide à interroger leurs pensées, et on voit la souffrance passer au soulagement et au rire.

Si j’avais une prière, ce serait celle-ci: “Dieu, épargne-moi du désir de me faire aimer, approuver ou apprécier. Amen.”

Impressions

Je vous ai parlé de The Joy Diet, que j’ai adoré. Quand je venais de terminer le livre, j’étais sûre qu’il allait changer ma vie, mais je trouvais aussi que ça allait demander beaucoup de travail. 10 trucs à faire tous les jours, un peu difficiles à se souvenir, pas nécessairement faciles à placer dans sa journée, aux modes d’emploi pas toujours limpides… Surprise surprise, trois mois plus tard, je peux vous annoncer que je ne fais aucune de ces étapes. J’ai quand même vraiment trippé sur ma lecture et elle me reste en tête constamment. Mais pour tout suivre à la lettre, il faut rester motivé longtemps.

Loving What Is, en comparaison, est un paradis de clarté. Quand tu es frustré, tu t’assois, tu réponds à des questions prédéterminées, tu repasses sur tes réponses avec 4 autres questions et tu les tournes à l’envers. Voilà. Fini.

J’ai appliqué ce processus sur la situation avec mon ancienne amie. J’ai découvert par exemple que je ne peux pas être absolument sûre qu’elle me déteste, et si je laissais tomber cette pensée, j’aurais beaucoup moins de frustration. Et si je la croisais dans la rue, comme c’est arrivé une fois, je serais peut-être capable de lui demander sincèrement comment elle va, au lieu de me renfermer dans un mutisme rébarbatif. J’ai aussi découvert qu’en fait, je n’ai pas envie de redevenir amie avec elle. J’ai une espèce de fantasme dans ma tête d’elle et moi de nouveau réunies et qui rient à gorge déployée comme si de rien n’était. Et c’est ce fantasme qui s’oppose aussi drastiquement avec la réalité qui me fait souffrir. Pas le fait qu’elle n’est plus dans ma vie.

Et puis, la pensée qu’elle me déteste m’est si insupportable, mais la réalité, c’est que souvent je n’étais pas loin de la détester non plus. Les sentiments à mon égard que je lui attribue sont probablement un reflet de ceux que moi j’avais.

Attention, ce processus n’est pas magique. Je n’ai pas laissé tomber toutes mes pensées douloureuses. Comme dit Byron Katie, on ne peut pas laisser tomber nos pensées. Mais en en prenant conscience et en évoquant la possibilité de ne plus les entretenir, quelque chose s’ouvre en nous. Et éventuellement, ce sont les pensées qui nous laissent tomber.

Allez explorer ce processus. Je pense qu’il est simple, accessible à tous, et vraiment libérateur. Et si pour vous non plus le principe que les pensées créent nos émotions ne vient pas naturellement, ce livre peut vous l’enseigner magnifiquement.