Classiques,  Se distraire

La Prisonnière

J’ai fini ce quatrième tome de À la recherche du temps perdu beaucoup plus rapidement que je l’aurais cru. Comparé aux autres, il m’a semblé plutôt court. Mais pas parce que j’ai été emportée par ma lecture.

Résumé

La relation entre Marcel et sa copine, Albertine, est passée à un autre niveau. Elle vit maintenant avec lui, dans l’appartement des parents de Marcel, qui sont absents pour une assez longue période de temps.

Depuis Sodome et Gomorrhe, on sait, ou du moins on devine, qu’Albertine a un certain goût pour les femmes. Marcel soupçonne qu’elle a des moeurs dissolues, comme on disait à l’époque, et ça le rend fou. Son «amour» plutôt fragile ne cesse de se raviver au rythme de ses accès de jalousie : alors qu’il se décide à la quitter, un nouveau mensonge, un regard oblique un peu trop insistant, l’arrivée en ville d’une jeune femme de mauvaise réputation le font se rattacher à elle. Et maintenant qu’elle est chez lui et qu’il se sent plus justifié de tenter de la contrôler, il se livre à toutes sortes de manigances pour l’empêcher d’assouvir ses désirs non catholiques. Il la fait suivre, il invente des malheurs pour qu’elle vienne le consoler plutôt que d’aller à tel événement, il utilise ses relations mondaines pour s’assurer qu’elle ne parle pas à telle personne, etc. Une relation saine, quoi.

Impressions

Je me rends que je n’ai aimé le narrateur que pour un bref instant. C’était quand il était enfant, dans le premier tome. Après, il est devenu un ado bourré d’hormones, puis un jeune adulte prétentieux aux valeurs discutables, et enfin un adulte jaloux et possessif. Il écrit vraiment bien, c’est indéniable (si on considère que l’auteur et le narrateur sont la même personne). Mais s’attacher au personnage, c’est important, et en ce moment je trouve ça difficile. Non seulement il adoptait le comportement d’un homme dangereux, mais en plus il commentait allègrement l’homosexualité de Charlus et parlait de la femme comme d’une espèce exotique aux facultés réduites. Il peut fournir un trésor de nuances et de détails sur la texture d’un air à une certaine heure ou sur la lumière qui tombe sur sa rue, mais quand vient le temps de parler des homosexuels ou des femmes, il est loin de se distinguer de la masse.

Je dois dire que j’ai apprécié certains passages qui décrivaient la jalousie. Il a pu viser dans le mille comme il sait le faire sur bien des sujets. Ses descriptions des lieux et des moindres détails qui passent inaperçus pour le commun des mortels sont absolument magnifiques. Mais en fin de compte, rien de nouveau pour les lecteurs qui ont commencé son oeuvre du début.

Je trouve surprenant de n’avoir rien d’autre à raconter que l’intrigue principale. Peut-être, effectivement, ce tome-ci était plus court. Ou plus faible.