Coups de coeur,  Se distraire

L’amie prodigieuse

Ça m’en a pris, du temps.

J’avais commencé ce roman il y a deux ans, sous format audio. C’était la première fois que j’essayais d’écouter un livre, et j’ai découvert que je n’aimais pas ça. Allez savoir pourquoi : j’adore les podcasts, mais on dirait que les livres, ça doit avoir ma voix, sinon ça ne passe pas. Donc, j’ai abandonné L’amie prodigieuse, ce livre encensé partout et unanimement. Et ç’aurait pu être pour toujours si je ne l’avais pas reçu à Noël, au format papier. J’en ai presque les larmes aux yeux.

Résumé

On commence à suivre Elena, la narratrice, alors qu’elle est encore une petite fille. Elle vit dans un quartier pauvre de Naples, dans les années cinquante. Son enfance n’est pas “mignonne” : elle n’aime pas beaucoup sa mère, son père est plutôt absent, et ses camarades de classe se lancent des roches au retour de l’école. Son rayon de soleil, son phare dans la nuit, c’est Lila, une petite fille de sa classe. Lila est méchante, mais elle a aussi une détermination et une intelligence hors du commun qui impressionnent énormément Elena. Elles deviendront amies, mais ni les années ni leur lien fort ne parviendront à diminuer le mystère et le charme de Lila aux yeux d’Elena.

Impressions

J’avais l’habitude de dire, un peu pompeusement, que je n’aimais pas trop les récits d’enfance. Je les trouvais souvent clichés, et je n’aimais pas leur ton mélancolique.

Eh bien ce récit m’a prouvé que je ne savais pas de quoi je parlais. Je me suis surprise à ne pas pouvoir lâcher ce livre. J’ai trouvé la fascination de la narratrice pour Lila contagieuse : j’ai commencé à l’admirer moi-même. J’adorais que l’enfance ne soit pas idéalisée et j’appréciais le réalisme des personnages. J’aimais que le roman se passe dans un autre lieu et dans un autre temps, ça me donnait un sentiment d’évasion. Le style d’écriture était à la fois sobre et poétique, ce qui est pour moi le mélange parfait. Et c’était un réel plaisir de voir les personnages passer tranquillement à l’adolescence.

Pour moi ça a été un coup de coeur. Mais pas un coup de coeur fulgurant, qui m’obsède et m’empêche de dormir; un coup de coeur doux, qui fait du bien, qui apaise. C’était reconnaître qu’un livre parfait à sa manière existait, qu’il n’attendait que moi, que j’avais tout le temps du monde, qu’il n’ira nulle part. C’était reconnaître aussi qu’il ne m’appartenait pas, qu’il plaira et plaît déjà de la même manière à des millions d’autres lecteurs à travers le monde.

Je sais que vous n’aviez pas besoin que je vous le confirme, mais je le fais quand même : ce livre mérite son succès et ses éloges. C’est excellent. Si vous ne l’avez pas lu, il est temps.

J’ai hâte de poursuivre avec les tomes suivants. Et de voir l’apparemment géniale adaptation HBO.