Littérature québécoise,  Se distraire

Tout ce que j’ai fait pour ne pas quitter ma chambre, de Valérie Roch-Lefebvre

C’est le jour de Noël et ce n’est pas le temps de lire des choses déprimantes. On sait que le temps des Fêtes n’est pas jojo pour tout le monde, on ne va pas en rajouter. Cette critique sert donc surtout à vous dire de prendre soin de vous et de ne PAS lire ce livre. Pas maintenant, en tout cas.

Résumé

La narratrice, quand elle était jeune, rêvait de disparaître. À défaut de s’ôter la vie, elle se cachait dans sa chambre. Elle sortait le moins possible, passait le plus clair de son temps à manger dans son lit ou à parler de suicide sur des forums.

Maintenant qu’elle est adulte, qu’elle se trouve énorme et qu’elle est obligée de gagner sa vie, elle sort de sa chambre uniquement pour se rendre à l’hôpital, où elle occupe le poste de téléphoniste. Elle tente de se fondre le plus possible dans les murs blancs et fait tout pour ne pas avoir à discuter avec ses collègues. Elle attend que la vie passe.

Impressions

Je l’ai lu d’une traite dans le train. Je n’aurais peut-être pas dû. Déjà que j’étais de mauvais poil parce que le train avait un retard de sept heures, ce livre n’a fait qu’enfoncer le clou dans le cercueil. Après, j’étais tout à fait morose.

La narratrice est bipolaire, et on a accès à toutes ses pensées. Elle se sent coincée par la vie, mais elle n’ose pas non plus se tuer. Elle déteste son corps, mais elle est obligée de vivre avec. Elle doit travailler pour survivre, mais elle n’a aucun intérêt particulier alors elle a une job mal payée, sans possibilité d’avancement. Elle parle avec des gens sur des forums, mais elle sait bien que ce ne sont pas de vrais amis. Elle a des parents, mais ils sont tout aussi mal en point qu’elle.

Ce qui est particulièrement troublant, c’est que ses réflections, induites par la maladie mentale, ne sont pas trop éloignées de ce à quoi on peut penser quand on est fatigués ou tristes. Dans ces moments-là, c’est vrai que la vie peut sembler pénible et futile. Beaucoup d’entre nous avons déjà vécu des épisodes dépressifs : imaginez si ces épisodes se poursuivaient toute une vie.

Alors moi qui n’étais déjà pas dans le meilleur état d’esprit, je commençais à trouver la vie pas mal grise. Et ce n’est pas du tout l’état d’esprit que je recherchais. Surtout que je ne peux pas faire grand-chose pour cette fille imaginaire, ni pour toutes les personnes en chair et en os qui souffrent de maladie mentale.

Alors pour le temps des Fêtes, plutôt que de vous taper un down plutôt gratuit, optez plutôt pour un de mes coups de coeurs: s’ils ne sont pas tous joyeux, ils ont tous une part importante de beauté. Ce que je n’ai pas repéré dans Tout ce que j’ai fait pour ne pas quitter ma chambre.