Littérature québécoise,  Se distraire

Cuba Libre par Anne Fleischman

La description très sommaire du livre sur le site de Renaud-Bray m’avait plutôt forcé le rire dans la bouche :

Drôles de vacances !!! Marrant du début à la fin !

De plus, Anne est mon amie : c’est avec elle que j’ai réalisé un de mes premiers contrats lucratifs, et j’ai vécu dans sa belle maison pendant deux semaines avant de déménager dans mon premier vrai appartement. Une personne chère, c’est merveilleux sur le plan relationnel, mais c’est plus délicat quand vient le temps de donner son avis sur son tout premier roman. Normalement.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir sincère de vous dire que mon angoisse de découvrir que mon amie n’avait pas de talent littéraire s’est rapidement évaporée. La description de Renaud-Bray était sommaire, mais tout à fait juste.

Résumé

Suite à une bête erreur d’organisation, Jean-Louis est obligé de passer une semaine en octobre plutôt qu’en mars avec son gendre et sa fille, sans sa femme, dans un tout-inclus. Il découvre en bougonnant qu’octobre est en plein dans la saison des pluies à Cuba, voilà pourquoi ses billets étaient aussi bon marché. Ce n’est que dans le taxi vers l’aéroport qu’il réalise qu’il aurait dû apporter un parapluie.

Plus loin dans l’avion, Sigmund, 16 ans, endure avec plus ou moins de patience ses parents new age ruisselants d’optimisme, convaincus que ce petit voyage recommandé par leur thérapeute va faire disparaître la crise d’adolescence de leur fils.

Et plus haut, dans le ciel, le Dieu Iztamna accueille un stagiaire qui veut bouleverser la météo autour du Costa Sol y Mar pour étudier l’ « influence des facteur géo climatiques sur les relations de clan rapprochées chez Homo sapiens ».

Les vacances de nos protagonistes s’annoncent bien plus que pluvieuses…

Critique

Il faut le dire, je sentais de la pression pour trouver ça drôle. D’habitude, ça ne m’aide pas à rire. Pourtant je me suis déridée dès le chapitre 2, quand le dieu farfelu du prologue réapparaît… avec un stagiaire. À mon grand plaisir, ces deux dieux réapparaîtront très régulièrement pour bouleverser l’écosystème des vacanciers dans un pur esprit scientifique. Franchement, je ne m’y attendais pas.

La deuxième famille qu’on rencontre après celle de Jean-Louis me donne une deuxième agréable surprise. Sigmund et ses parents Teletubbies sont à la fois loufoques et réalistes. J’ai un souvenir très vivide de mon adolescence, et à quel point les adultes me semblaient vieux et plates. Avec des parents comme ceux de Sigmund, c’est le comble. Sigmund est en fait très patient et relativement poli.

Les agréables surprises se sont succédées jusqu’à la fin. L’intrigue est simple mais bien ficelée, l’humour est bien placé, les descriptions sont précises, les personnages sont crédibles et cohérents, la fin était même touchante. Anne Fleischman maîtrise sa langue. C’était à s’y attendre puisqu’elle est rédactrice professionnelle, et c’est ce que ce livre m’a confirmé.

Autre petit détail amusant, je ne suis pas sûre toutefois qu’il soit intentionnel : les personnages québécois sont assez franchouillards. Il est rare qu’un Montréalais dise des mots comme « vachement », « m’sieur » ou « petite amie », à moins qu’il ait grandi en France. Sigmund, par exemple, dit une fois « fucking weird » et « balader » dans la même réplique. C’est un peu weird… 😉

Si vous recherchez une lecture pour ne pas se casser la tête sans non plus transformer son cerveau en bouillie, pour avoir un sourire aux lèvres, et pour relaxer sur la plage ou dans le lit, ce livre est un bon choix. Bravo Anne!


Cuba Libre

Anne Fleischmann

128 pages