Pourquoi je ne suis pas mon cerveau
Rien qu’au titre, j’étais excitée. Quelqu’un qui promet de me convaincre que ma conscience n’est pas réductible à un nuage de neurones qui s’activent sous ma boîte crânienne, c’est excitant. Je me suis vraiment demandé quelle alternative il offrait à cette idée.
Je diviserais le livre en deux grandes parties : la première est consacrée à un compte-rendu des différentes conceptions philosophiques de la conscience, ce qui est intéressant pour quelqu’un comme moi qui ne connais pas grand-chose à la philosophie. Ces premiers chapitres m’ont fait réaliser à quel point une idée aussi abstraite que l’esprit humain a pu être traitée en profondeur par des dizaines de gens intelligents. Mais ce qu’en fait l’auteur m’a laissée perplexe: la plupart des conceptions qu’il expose, il les rejette assez agressivement, en dénonçant des bases fallacieuses, des erreurs de logique, des visions du monde dépassées, ou tout simplement l’absurdité évidente des propos.
Le problème, c’est que la plupart du temps, je n’étais pas convaincue du tout. Je ne comprenais pas pourquoi telle thèse est si absurde, ou dépassée, ou pourquoi il est si évident que le monde ne fonctionne pas comme ces gens brillants le prétendent. L’auteur me semblait frustré, désespéré de faire son point, et ne pas avoir beaucoup d’outils à sa disposition pour persuader réellement ses lecteurs. (Je n’arrive pas à croire que ce soit le cas, et je trouve plus logique de penser que je n’ai pas compris parce que je ne suis qu’une pauvre ignorante.) Mais surtout, je ne comprenais pas ce que l’auteur proposait en retour. S’il est aussi convaincu que ces thèses largement répandues sont ridicules, c’est sûrement qu’il a un modèle bien plus brillant en tête? J’ai attendu patiemment qu’il prenne quelques pages pour me donner une autre conception du monde sur laquelle cogiter. Très patiemment…
La deuxième partie est consacrée au concept de liberté. L’auteur y défend l’idée que les humains sont maîtres de leurs décisions et de leurs actions, par opposition à la pensée que nous sommes en faits guidés par des impératifs purement évolutionnistes, c’est-à-dire, en gros, que ce sont nos neurones (uniquement fonctionnels et donc stupides) qui nous dirigent. Là-dessus, pas de problème : je suis libre, penser le contraire est déprimant et, en effet, assez absurde. C’était, je trouve, la partie facile, un peu bonbon: les arguments qu’il donnait à ce sujet étaient convaincants, amusants (j’ai ri tout haut à certains endroits), et c’est une idée facile à digérer. Mais ensuite, le livre se conclut comme si son entièreté pouvait se résoudre en ce concept final de liberté, comme si le fait qu’on soit libres rendait inimaginable la possibilité que notre cerveau soit le siège de ce qui fait de nous des êtres humains. Ce qui, même après la lecture complète et attentive de ce livre, n’est pas du tout une évidence pour moi. Je ne demandais qu’à être convaincue, et je n’ai pas eu grand-chose à me mettre sous la dent.
Si parmi vous se trouvent des férus de philosophie qui plaignent ma pauvre petite tête qui n’a rien compris, je vous en prie, éclairez ma lanterne. Peut-être pourrai-je en éclairer d’autres à mon tour.