La carte et le territoire, le presque chef-d’oeuvre
Je n’ai pas été déçue, mais presque.
Je me suis finalement décidée à lire Michel Houellebecq quand une professeure d’université, dont les yeux pétillent d’intelligence, m’a affirmé que c’était le meilleur écrivain français (en vie, j’imagine). Et par hasard, je suis tombée sur son prix Goncourt.
Ça commence assez bien. La première page décrit les gestes d’un homme, Jeff Koons. On pense évidemment que c’est le personnage principal, ou au moins un des personnages, quand on apprend que c’est le fruit du pinceau de Jed Martin, un peintre. Par curiosité, je fais une recherche et j’apprends que Jed Martin existe. Surprise numéro 2. Surprise numéro 3 : Jed Martin tient à ce que Michel Houellebecq écrive son catalogue. (Je vous rappelle que Michel Houellebecq est l’écrivain du livre.) Belle mise en abîme, diront les critiques littéraires.
Des pages suivantes, j’ai retenu peu de choses. Jed Martin rencontre une femme, que j’ai bien aimée pour son mélange de beauté et d’intelligence dénuée d’érotisme exagéré. Mais leur histoire tombe à l’eau. Le peintre devient riche, mais s’en fout.
Troisième livre : on se croirait tomber dans un roman policier. Un crime épouvantable a été commis. Ça a bien sûr un lien avec le reste, mais il n’est pas évident tout de suite, et je ne révélerai pas le punch pour vous le laisser. La fin est un peu… plate. Il n’y a pas de fin. Ça ne finit même pas étrangement. Ça finit, c’est tout.
Je suis sévère avec les livres qui ont remporté des prix tels que le Goncourt. Et franchement, celui-là ne m’a pas tout à fait convaincue. On voit le talent de Houellebecq : c’est magnifiquement ficelé, les personnages sont puissants, sa vision du monde nous pénètre comme l’humidité. Mais on remarque aussi, on dirait, son ennui. D’ailleurs, petit fait intéressant, il a recopié des passages entiers de Wikipédia, au point où il a remercié l’encyclopédie en ligne dans l’édition de poche (que j’ai lue).
J’ai le sentiment qu’il mérite son prix Goncourt. Mais peut-être pas pour ce livre-là.
Michel Houellebecq
15,26 $