La danse hésitante des flocons de neige
J’ai récemment commencé à suivre sur Twitter des «blogueuses de livres», des filles qui font des critiques de livre sur leur blogue, comme moi. Elles sont toutes françaises, et elles semblent toutes être amies. Pendant le temps des Fêtes, il y avait un livre très trendy dans leur cercle : La danse hésitante des flocons de neige. Il était en promotion à la librairie Kobo, et je l’ai acheté sans hésitation. Je l’ai regretté.
Résumé
Kayla Green déteste Noël. Elle préférerait pouvoir continuer à travailler à l’année longue et éviter ces niaiseries de décorations, sapins, famille, amour, etc. Mais comme toutes les années, impossible d’y échapper.
C’est alors que le beau Jackson O’Neill entre dans le décor. Il est propriétaire de Snow Crystal, un resort de ski et de villégiature dans le Vermont, et il peine à redresser les comptes de l’entreprise familiale. Il a entendu parler de la formidable Kayla Green, une workaholic pro en campagnes de communication qui est capable de mettre sur la carte n’importe quelle entreprise. Quelques jours avant Noël, il lui propose de passer une semaine à Snow Crystal pour qu’elle s’imprègne des lieux avant de les promouvoir.
Ravie de l’opportunité de fuir New York et sa frénésie du temps des Fêtes, Kayla choisit la semaine de Noël pour s’exiler dans les bois. Mais bien vite, elle se rend compte que l’attirance entre elle et lui est bien trop forte pour qu’elle puisse passer un Noël isolée…
Et tiens, je vendrai le punch : au bout de la semaine dans la nature, Jackson la demande en mariage. Kayla refuse tout d’abord parce qu’elle est tout bonnement terrifiée de l’engagement, ayant été abandonnée dans son enfance. Mais dans le taxi vers l’aéroport, elle change d’avis, et elle finit par accepter, et ils s’en vont vers l’horizon dans une calèche avec des grelots, entourés de la famille aimante et chaleureuse de Jackson.
Critique
Après deux pages, j’en avais déjà ras-le-bol. Le ton est franchouillard, les personnages étaient clichés et franchement stupides, et j’avais l’impression que j’aurais dû trouver ça drôle, mais je ne pouvais que rire jaune. C’est mon amoureux qui m’a convaincu de continuer. Après tout, plein de gens l’avaient aimé, peut-être que ça devient meilleur plus loin?
Alors j’ai continué, et bizarrement, je ne me suis pas ennuyée. Peut-être parce qu’une banderole des clichés collés les uns après les autres, c’est fascinant. Ça devient presque un livre érotique vers le milieu, quand Jackson et Kayla cèdent à leurs pulsions sexuelles, et ça c’était pas si mal, mais ça se voulait beaucoup trop romantique pour qu’on puisse le mettre dans cette catégorie.
Et lorsque la fin est arrivée, assez rapidement (je suis en vacances), eh bien j’ai été tout bonnement sonnée. Complètement choquée. Jackson avait carrément harcelé Kayla tout le long du livre : elle refusait ses avances, il disait qu’il allait continuer à la harceler pareil. Il s’imposait jusqu’à ce qu’ils couchent ensemble, et quand elle lui dit que c’était une erreur et qu’elle n’aurait pas dû faire ça, il insiste encore. Dans le fond, Kayla voulait, d’accord, mais il n’en savait rien. Il est un agresseur sexuel. Et il manipule Kayla en lui mettant dans la tête que sa vie ne vaut rien afin qu’elle décide de l’épouser et de tout laisser tomber pour venir habiter avec lui.
Une demande en mariage une semaine après avoir fait la connaissance de quelqu’un, ça n’a tout simplement aucun sens. Ce n’est pas romantique, c’est débile. Et j’avais la nausée en pensant au mariage pathétique que ça allait donner, entre une traumatisée du coeur et un agresseur sexuel.
Ça aurait pu être moins pire si l’auteur avait envie de passer un message, genre illustrer la culture du viol. Mais il n’en était rien. C’était un vrai Disney, mais un Disney tordu, tout bonnement horrible. Je me souviendrai de ce livre, mais pas pour les bonnes raisons. Et je remets sérieusement en question mon abonnement à ces fils Twitter qui trouvent ce livre charmant.
La danse hésitante des flocons de neige
Sarah Morgan