Se distraire

Dancing in the Dark, et contemplant les étoiles…

Quelle fin. Tellement abrupte.

Et qu’est-ce que ça produit chez moi? Quelque chose d’assez fascinant. J’ai envie d’en avoir plus. Encore plus de ce livre interminable qui n’a pas d’histoire.

Je gardais ce livre dans ma liste en attendant le jour où je penserais enfin à aller à la bibliothèque pour le dénicher. Grâce à ma Kobo, ce jour est venu bien plus vite que prévu.

Je ne me souvenais plus d’où je tenais l’idée de le lire (et la lecture m’a donné tout le loisir de me poser la question à plusieurs reprises), mais j’ai retrouvé l’article du Guardian en question. Et puis, la couverture nous promet qu’il s’agit d’un phénomène de la littérature. Alors pourquoi pas?

Karl Ove Knausgaard est à la fois l’auteur du livre et son narrateur. Il raconte sa vie d’adolescent qui va enseigner aux enfants d’un tout petit village où tout le monde se connaît. C’est pour lui un monde de liberté. Enfin, il aura son propre appartement, il se fera de l’argent, il pourra faire ce qu’il veut! Et puis, il travaille, d’accord, mais pas pour longtemps. Dans un an, il aura accumulé assez d’argent pour partir en voyage et se mettre à écrire comme son rêve le dicte.

Il raconte sa vie de tous les jours. Quand il se lève, ce qu’il mange pour déjeuner, ce qu’il achète à l’épicerie, à qui il parle, ce qu’il raconte dans ses nouvelles… Un vrai adolescent.

Et un vrai gars. Son “struggle” qu’il a décidé de mentionner en couverture, c’est sa virginité. Il n’a jamais réussi à pénétrer une fille encore. Il prétend pourtant que oui, parce que quand même, 18 ans! Il est plus que temps! Mais il est affreusement gêné, parce qu’il jouit beaucoup trop vite. Il ne se masturbe jamais, pour lui c’est une barrière qu’il n’arrive pas à franchir, alors son seul mode de référence sont ses rêves, qui le laissent dans une marée de sperme le matin. Les filles le fascinent, il a des érections rien qu’à voir une paire de cuisses nues ou à voir l’ombre de seins sous un t-shirt, mais ses émotions le terrorisent. Et il y pense sans arrêt, plusieurs fois par jour, cette pensée le submerge à la fois d’un plaisir infini et l’enfonce dans un gouffre noir et profond dont il ne voit pas l’issue.

Ce n’est pas faute de prétendantes. Pendant une seule année, il en a eu quelque chose comme 5 ou 6 dans son lit. Mais il n’a qu’à les frotter une ou deux minutes, et il jouit. Ça ne le rassure pas une miette.

Un livre à interpréter comme on interprète notre propre vie

Ce livre n’a pas d’histoire. Je l’ai attendue pendant la première centaine de pages, mais je me suis ensuite rendue compte qu’il n’y en aurait jamais.

Et fait étrange, assez fantastique, ça ne m’a pas découragée. Parce que ça fait du bien, des fois, de ne pas avoir de trame narrative bien découpée : l’équivalent du New Age en musique. Ça fait du bien de rêver un peu avec le personnage, de contempler, de réfléchir, d’apprécier les petites choses de la vie. Après tout, c’est ce qu’on fait tous les jours avec notre propre vie. Et ça change d’avoir l’intérieur de quelqu’un d’autre, un parfait inconnu qu’on a tout le loisir de dessiner dans notre tête, mais qui existe néanmoins quelque part.

Lire, parfois, ça n’a pas de but, si ce n’est que savourer.


Dancing in the Dark: My Struggle Book 4

Karl Ove Kausgaard

17,74 $