Les monades urbaines, de Robert Silverberg : un Meilleur des mondes 2.0
Je n’ai pas aimé Le meilleur des mondes. J’étais assez gentille dans ma critique, mais mes souvenirs n’en sont pas bons. Je me souviens d’un livre avec du potentiel, mais ennuyant et plutôt mal écrit.
Eh bien, si vous êtes comme moi, je vous encourage à lire Les monades urbaines, de Robert Silverberg. Là, tu parles. Le concept est presque le même : on est dans une société dystopique où tout le monde est “parfaitement heureux”, car ceux qui ne le sont pas sont éliminés (dans Les monades urbaines, ils sont jetés à la poubelle, littéralement) ou subissent un lavage du cerveau. Sexuellement, c’est la “libération totale” : tout le monde baise avec tout le monde, au point où c’est mal vu de coucher avec la même personne trois ou quatre fois d’affilée. Et comme dans Brave New World, on a une hiérarchie sociale très définie, et quoiqu’il n’est pas interdit en soi de fréquenter des membres d’une classe différente, c’est mal vu.
Les différences, maintenant : dans Les monades urbaines, les gens s’entassent dans d’immenses gratte-ciel de près de mille étages, ce qui règle le problème d’espace, et l’humanité est maintenant capable de produire suffisamment de ressources pour que tout le monde mange à sa faim et jouisse d’un confort satisfaisant. L’objectif est donc maintenant de se reproduire le plus possible, car après tout, pourquoi pas?
La conséquence pour nous, lecteurs, c’est qu’il y a beaucoup de sexe. Ça n’arrête pas. Chaque soir, on s’attend des hommes à ce qu’ils fassent des promenades nocturnes, au cours desquelles ils rentrent dans la chambre de quelqu’un (les portes ne sont jamais barrées, l’intimité est pratiquement inexistante) et couchent avec qui ils veulent. En général, les chambres sont partagées par des couples mariés avec des enfants, et il n’y a pas de murs pour séparer tout ce beau monde, mais peu importe : il est mal vu de se refuser à quelqu’un, et bien souvent, le nouveau venu va coucher avec la femme, en s’assurant de dire poliment “bonsoir” au mari qui essaie de dormir juste à côté.
Les enfants assistent bien sûr à tout ça, ils n’ont pas le choix, mais ça n’a pas l’air de les troubler. Ils grandissent beaucoup plus vite qu’aujourd’hui, et à 15 ans, on les considère comme de vrais adultes. Ils se marient souvent à cet âge, mais ils ont commencé leur vie sexuelle bien avant.
Bien sûr, tout le monde n’est pas réellement heureux dans ce monde étrange, et c’est ce qui crée l’intrigue. Vous pouvez probablement imaginer ce qui se passe avec ces anormaux, on n’est pas dans l’originalité, mais j’ai tout de même trouvé l’histoire incroyablement accrocheuse. J’ai eu l’occasion de m’attacher aux personnages, le style était simple et entraînant, et j’avais de la difficulté à arrêter de lire.
Je ne me souviens pas très bien de la fin du Meilleur des mondes (je l’avais trouvée absolument non mémorable), mais j’ai comme l’impression que la fin des Monades urbaines est semblable. Sauf que je suis pas mal sûre que je me souviendrai de celle-ci.