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L’âme délivrée : un voyage par-delà vous-même, de Michael A. Singer

Mine de rien, j’ai lu pas mal de livres de croissance personnelle dans ma vie. J’ai aimé la plupart, même si je devais en général les prendre avec un énorme grain de sel, et il y en a même un qui a accédé à la liste de mes coups de cœur, toutes catégories confondues. Mais il n’y en a aucun qui a passé l’épreuve du temps. Aucun n’a réussi à changer ma vision des choses de façon durable, ou à me faire adopter une nouvelle pratique.

Je pense que L’âme délivrée va être différent. Il explique les choses de façon tellement imagées et tellement simples, simplistes même, que je ne crois pas que je réussirai à les oublier de sitôt.

Summary

L’âme délivrée traite de la pleine conscience. “Pleine conscience” comme dans “méditation pleine conscience”, cette technique de méditation qui consiste à observer, sans juger, nos pensées, nos émotions et nos sensations. Mais ce n’est pas un livre sur la méditation, parce qu’on n’a pas besoin de méditer pour faire de la pleine conscience.

En fait, on ne parle pas du tout de méditation dans ce livre. Il n’est ni question de ses bienfaits psychologiques et physiques, ni de trucs à adopter dans sa vie quotidienne pour se recentrer. Il est plutôt question des fondements théoriques de la pleine conscience : à quoi ça sert, et pourquoi ça a du sens.

Impressions

J’ai dit que ce livre expliquait les choses avec énormément de clarté et de simplicité. Je dirais même que je pourrais le résumer en trois points:

1- Nous ne sommes ni nos pensées ni nos émotions. Nous sommes la personne qui observe nos pensées et nos émotions.

L’idée que nous ne sommes ni nos émotions ni nos pensées n’est pas du tout nouvelle pour moi, et je croyais l’avoir assimilée. Mais il y a quelque chose dans la façon que l’auteur a choisie pour l’expliquer qui m’a fait réaliser que cette idée était encore un peu abstraite pour moi. Maintenant, j’ai des images très nettes dans ma tête.

Maintenant, j’imagine un petit bonhomme dans une salle de cinéma. Sur l’écran, il y a moi, qui vis ma vie. Le petit bonhomme observe tout ce qui se passe. Le petit bonhomme, c’est aussi moi. Il regarde le film, et quand il se laisse emporter par ce qui se passe sur l’écran, il oublie qu’il est le spectateur. Il se met à prendre ma vie très au sérieux, il sent ce que je sens, et quand je suis malheureuse, il ne sait pas comment il pourra jamais s’en sortir. Mais à tout moment, il peut regarder autour de lui, réaliser qu’il est devant un écran, et relaxer. Il n’est pas prisonnier de ce qui passe sur l’écran.

Je vois ça, et je vois Ginette. Ginette, c’est le nom que j’ai donné à la petite voix dans ma tête qui jacasse sans arrêt. Elle ne peut pas s’arrêter. Je peux imaginer Ginette comme une personne à côté de moi, qui me racontes ses trucs souvent dramatiques, contradictoires, et absurdes, sans même prendre le temps de respirer. Qui est cette personne qui écoute Ginette? C’est moi. Qui est Ginette? Ce sont les déchets de mon cerveau. Ce n’est pas moi.

Évidemment, je ne pourrai jamais faire taire Ginette, et ce n’est pas le but, non plus. Elle ne dit pas seulement des niaiseries, et ça vaut parfois la peine de l’écouter. Mais ça peut faire du bien de ne pas toujours la prendre au sérieux.

2- Quand on est heureux, notre cœur est ouvert, et l’amour et la joie circulent librement. Pour rester heureux, on n’a qu’à ne jamais fermer notre cœur.

C’est un conseil niaiseux. “Tu veux connaître la joie et le bonheur éternels? Ne ferme jamais ton cœur.” Mais oui, monsieur Singer, c’est ça.

Sauf que bizarrement, j’ai compris ce qu’il veut dire. Il faut partir d’un moment où on est heureux. Quand on est heureux, on n’a pas à se forcer, on aime tout le monde. La vie est belle, on se sent généreux, plein d’énergie, et on se trouve formidable.

Quand on cesse d’être dans cet état, c’est qu’on s’est crispés. Quelqu’un nous dit quelque chose qui nous inquiète. On se fâche, et on arrête soudainement d’aimer la personne devant nous. On a bloqué la circulation d’amour et de joie.

Comment faire, alors, pour rester heureux? Il faut “juste” ne jamais se fermer. C’est-à-dire que quand ces moments arrivent, on relaxe les épaules, on respire et on imagine littéralement notre cœur s’ouvrir.

J’ai essayé ça quelque fois dans les derniers temps (je n’ai pas beaucoup de problèmes en ce moment, il faut le dire). Je suis normalement une pro pour me refermer comme une huître à la moindre parole un peu abrasive. Eh bien, j’ai trouvé ça étonnamment efficace. J’ai désamorcé toute seule comme une grande bien des choses qui m’auraient minées sinon. Essayez ça, voir.

3- La façon la plus efficace de grandir psychologiquement, c’est de prendre la décision d’être heureux toute notre vie.

Nous sommes de petits êtres sur un gros caillou qui fait des ronds dans un coin perdu de l’univers. On pourrait mourir n’importe quand, et dans tous les cas, on n’est là que pour un petit moment.

Sachant cela, qu’est-ce qu’on fait? On peut souffrir et s’apitoyer sur notre sort, ou bien on peut profiter à fond de notre moment sur Terre. Ou bien, soyons réalistes, on fait un peu des deux.

Mais je suis d’accord avec l’auteur : je crois que prendre la décision d’être heureux toute notre vie, c’est nous garantir de grandir psychologiquement.

Prenons une situation typique comme exemple : se faire renvoyer de son travail parce qu’on ne fait pas l’affaire. Je me connais, mon réflexe naturel serait de me chier dessus. Je me dirais que je suis nulle, stupide, et pas aimable. Évidemment, je me sentirais misérable. Et je marinerais toute seule dans mon jus de merde en attendant que quelque chose vienne me distraire ou que je me tanne d’être malheureuse.

Par contre, si j’avais pris la décision auparavant que peu importe ce qui arriverait, je resterais heureuse, me dire toutes ces choses ne serait pas une option. Je n’aurais pas le choix de trouver d’autre façons de vivre avec cette réalité. Je devrais trouver des moyens de continuer à m’aimer et à aimer les autres. Il faudrait que je travaille fort. Je réussirais peut-être. Et alors, malgré cette circonstance malheureuse, je resterais sereine et heureuse.

Pour moi, c’est ça, la sagesse.

Conclusion

Il faut prendre ce livre avec des grains de sel, comme d’habitude, mais je crois que ses explications claires et qui vont droit au but peuvent satisfaire les lecteurs à l’esprit plus sceptique et scientifique. Je me considère dans cette catégorie, même si je suis plutôt tolérante aux niaiseries quand elles sont balancées par des propos plus sensés et que je suis ouverte à faire des efforts pour comprendre ce que la personne veut dire.

Je vous conseillerais quand même de sauter le dernier chapitre. Il est alors beaucoup question de divinité et de transcendance spirituelle, et ça m’a passé dix pieds par-dessus la tête. Mais sinon, honnêtement, chapeau. J’ai enfin compris des choses que j’entends à répétition depuis des années.

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